Des politiques allemands ont accusé mercredi le président turc Recep Tayyip Erdogan d’utiliser la polémique autour du retrait de Mesut Özil de la sélection allemande de football pour favoriser la candidature turque à l’organisation de l’Euro 2024 face à celle de l’Allemagne.
Le soutien du dirigeant turc au milieu de terrain allemand d’origine turque intervient “précisément au moment où la DFB (la Fédération allemande de foot, ndlr) a impérativement besoin de la confiance des autres fédérations membres de l’UEFA“, souligne le responsable conservateur Wolfgang Bosbach dans le quotidien Bild.
“Est-ce vraiment un hasard complet de calendrier ? Il y a des hasards auxquels on n’est pas obligé de croire“, a ajouté l’ancien député du parti d’Angela Merkel, la CDU.
L’UEFA doit décider le 27 septembre qui de la Turquie ou de l’Allemagne organisera l’Euro 2024. L’Allemagne faisait figure de favorite mais son image se trouve écornée par les accusations de racisme lancées par Mesut Özil contre le DFB.
Le président turc a salué avec emphase la décision du joueur d’Arsenal de prendre sa retraite internationale, qui “mérite tous les louanges“, selon lui.
Un autre responsable de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), Paul Ziemiak, a lui dénoncé l’ingérence turque dans les affaires allemandes.
“Le président Erdogan doit cesser de s’immiscer (dans les débats) en Allemagne, quel que soit l’opinion qu’on a de la photo d’Özil et (Ilkay) Gündogan“, a-t-il dit.
Il fait référence à un cliché, pris à quelques semaines du Mondial, des deux joueurs de la Mannschaft avec le dirigeant turc et qui a déclenché une vive réprobation en Allemagne, Erdogan y étant vivement critiqué pour ses dérives autoritaires.
La loyauté des deux joueurs vis-à-vis de l’Allemagne, qui les a tous deux vu naître, grandir et devenir joueurs professionnels, a été mise en question par leurs détracteurs.
Le fiasco de l’Allemagne, tenante du titre sortie sans gloire dès le 1e tour, au récent Mondial en Russie, n’a fait qu’accroître la polémique, Özil étant en partie rendu responsable de la déroute par ses piètres performances sur le terrain.
Après deux mois de silence, Mesut Özil a fini dimanche par claquer avec fracas la porte de la sélection nationale, accusant la DFB, en particulier son président, Reinhard Grindel, de racisme. La fédération a rejeté ces reproches.
Toujours prompts à dénoncer la “montée du racisme et de l’islamophobie“ dans les pays européens, les responsables turcs se succèdent depuis pour prendre la défense d’Özil.
Ankara et Berlin entretiennent des relations difficiles depuis le putsch raté en Turquie de 2016, le gouvernement turc dénonçant les accusations allemandes de dérive répressive.
DOSSIER : Mesut Özil contre le racisme aux rangs du sport allemand