Des milliers d’Irakiens ont défilé vendredi à Bagdad et dans les grandes villes du sud irakien pour dénoncer une nouvelle fois la corruption et conspuer leurs dirigeants sur fond de crise politique.
Depuis près de trois semaines, des cortèges quotidiens dénoncent pêle-mêle les services publics déficients, la pénurie chronique d’électricité, le chômage endémique, les coupures d’eau, la gabegie de l’Etat, les ingérences étrangères et les politiciens.
Quatorze personnes ont été tuées dans ce mouvement de protestation, dont au moins une par des tirs des forces de l’ordre. Vendredi, journée traditionnelle de mobilisation, aucun incident majeur n’a été signalé.
A Bagdad, quelques centaines de personnes ont ainsi scandé « Non à la corruption » et « Iran, dehors ! ». Ils ont également conspué les dirigeants « voleurs » et « corrompus » sur la place Tahrir encerclée par un imposant cordon des forces anti-émeutes armées de matraques électriques, ont constaté des journalistes de l’AFP.
A Bassora, ville portuaire et pétrolière d’où est partie la contestation, plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés devant le gouvernorat.
L’un d’eux, Hassan Hantouch, diplômé d’histoire de 33 ans devenu manoeuvre journalier faute de trouver à s’employer dans son domaine, a affirmé à l’AFP manifester pour « réclamer des droits basiques ». « On vit dans des conditions catastrophiques: il nous faut de l’électricité, de l’eau », a-t-il lancé.
« Non à la corruption, Oui au changement », proclamaient des banderoles brandies par les manifestants à Nassiriya, dans le sud de l’Irak, a rapporté un correspondant de l’AFP. D’autres manifestations ont eu lieu dans les provinces de Najaf et de Missane, au sud de Bagdad.
A la mi-journée, le porte-parole de la plus haute autorité chiite du pays, le très écouté Grand ayatollah Ali Sistani a appelé le gouvernement sortant à tout faire pour satisfaire les revendications des manifestants.
Alors que le nouveau décompte des résultats des législatives du 12 mai se poursuit encore, il a en outre appelé à « former le prochain gouvernement au plus vite avec des personnes efficaces, compétentes et adeptes de la transparence ».