Les progrès affichés par l’Arménie en terme de democratisation, s’ils ont été salués par la communauté internationale et par ses principaux bailleurs de fonds, ne semblent pour l’instant guère payants …
Après l’Europe, qui a provoqué la colère du nouveau leader arménien, Nikol Pachinian, en conditionnant une augmentation de son aide financière à la presentation de programmes concrets, ce sont les Etats-Unis qui déçoivent à leur tour l’Arménie en la privant d’un programme d’aide de plusieurs millions de dollars, au prétexte qu’elle n’y serait plus éligible, la Banque mondiale ayant fait état d’une amélioration du niveau de vie dans le pays.
C’est le premier vice-premier mnistre arménien, Ararat Mirzoyan, qui a annoncé cette décision de Washington, au moment même où des discussions sont en cours en vue d’une rencontre entre D. Trump et N. Pachinian à New York en septembre, en marge de l’Assemblée générale de l’Onu. L’administration de l’ancien président américain républicain George W. Bush avait lancé le programme intitulé « Millennium Challenge Account » (MCA) , en 2006, dans le cadre d’une politique visant à encourager les réformes engagées dans les pays en voie de développement. Peu après, l’Arménie s’était vue accorder une enveloppe de quelque 177 millions de dollars au titre du MCA pour la réhabilitation de ses réseaux d’irrigation ruraux.
Le gouvernement de l’ancien président Serge Sarkissian avait tenté en vain de débloquer l’aide américaine dans le cadre du MCA qui avait été gelée en raison des manquements à la démocratie en Arménie, et avaient notamment fait valoir les responsables américains, des insuffisances dans la lutte contre la corruption. Les Etats-Unis avaient fait part de leur disposition à relancer l’assistance économique à l’Arménie après la révolution de velours qui porta N.Pachinian au pouvoir à Erevan, sur les mots d’ordre de lutte contre la corruption qui se traduiront par la mise au jour de plusieurs affaires spectaculaires dans les semaines qui suivirent son élection au poste de premier ministre. L’ambassadeur américain Richard Mills avait notamment déclaré fin mai que Washington étudiait les modalités d’une telle politique en direction de l’Arménie, y compris pour ce qui concerne le déblocage du MCA.
M. Mirzoyan avait discuté de cette question avec les responsables américains lors de sa visite à Washington la semaine passée. Il a fait savoir qu’on lui avait dit que l’Arménie n’était plus éligible pour le programme MCA parce que la Banque mondiale l’avait promue récemment du statut de pays à “revenu moyen inférieur” à celui de “revenu moyen supérieur”. M. Mirzoyan a ajouté qu’il avait proposé que le gouvernement étudie d’autres canaux en vue d’apporter une aide financière aux nouvelles autorités de Erevan. “Si nous ne remplissons plus les critères du MCA, alors je pense qu’il serait tout à fait possible d’envisager un nouveau mécanisme par lequel les Etats-Unis pourraient aider la démocratie en Arménie”, a indiqué le responsable arménien. L’ambassadeur Mills avaii indiqué la semaine passée que Washington envisageait toujours d’accroître son aide à l’Arménie. “Nous étudions ce qui est possible, y compris au prix de changement dans les niveaux de nos financements par le biais d’USAID et d’autres agences gouvernementales américaines”, avait déclaré devant les journalistes l’ambassadeur américain en poste à Erevan. Suren Sargsian, un politilogue arménien, se montrait toutefois sceptique quant à la capacité du gouvernement de N. Pachinian à obtenir plus d’aide des Etats-Unis, en raison du manque d’intérêt manifesté par l’administration Trump, qui affiche d’autres priorités. Suren Sargsian avait ajouté que la situation pourrait changer si le Parti démocrate venait à remporter les élections de mi-mandat en novembre, et prendre ainsi le contrôle du Congrès des Etats-Unis. Les législateurs démocrates sont traditionnellement plus à l’écoute des causes défendues par le lobby arméno-américain que leurs collègues républicains.