La Russie a exhorté vendredi la communauté internationale à aider à la reprise économique de la Syrie et au retour des réfugiés, alors que les forces du régime de Damas, soutenues par Moscou, continuent de progresser face aux rebelles dans un pays en guerre depuis 2011.
L’ambassadeur russe adjoint au Conseil de sécurité des Nations unies, Dimitri Polyanski, a demandé la fin des sanctions unilatérales contre la Syrie et estimé que cette assistance ne devait pas être liée à l’exigence d’un changement de régime.
L’intervention de l’armée russe, à partir de 2015, en soutien à Bachar al-Assad, a été perçue par beaucoup comme un tournant de la guerre, qui a fait plus de 350.000 morts et déplacés des millions de personnes. S’adressant aux autres membres du Conseil de sécurité, le diplomate russe a précisé que « le renouveau de l’économie syrienne » était un « enjeu essentiel », alors que le pays fait face à une pénurie aiguë de matériel de construction, d’équipement lourd et de carburant pour reconstruire des régions détruites par la guerre. « Il serait sage de la part de tous les partenaires internationaux de rejoindre l’assistance aux efforts syriens de reprise et d’éviter les liens artificiels avec la dynamique politique », a confié M. Polyanski à la réunion du Conseil sur la Syrie. La France n’est pas du tout sur la même longueur d’onde que la Russie.
« Nous ne prendrons pas part à la reconstruction de la Syrie sans qu’une transition politique soit effectivement mise en oeuvre, avec un processus constitutionnel et électoral sincère », a indiqué devant le Conseil l’ambassadeur français François Delattre. « C’est la condition sine qua non de la stabilité du pays et de notre contribution au financement de la reconstruction. A défaut, aucune raison ne pourra justifier que la France et l’UE s’engagent dans le financement de la reconstruction », a asséné le représentant français. Après les huitièmes pourparlers de paix – sous l’égide de l’ONU – sur la Syrie, avortés en décembre dernier, les forces d’Assad ont repris la Ghouta orientale, près de la capitale Damas, et contrôlent désormais la province de Deraa, au sud. Mais le représentant français a dénoncé « des victoires à la Pyrrhus, des ‘victoires sans paix' ».
La Russie a proposé ce mois-ci aux Etats-Unis de coopérer afin d’assurer le retour des réfugiés en Syrie, quelques jours après un sommet entre Vladimir Poutine et Donald Trump à Helsinki. La question du retour des réfugiés sera par ailleurs au menu de la réunion tripartite Russie-Iran-Turquie prévue la semaine prochaine à Sotchi, au bord de la mère Noire, en présence de l’émissaire de l’ONU.