Le parti d’Imran Khan a annoncé avoir entamé des pourparlers en vue de former une coalition de gouvernement avec des indépendants et des petits partis après sa victoire aux élections législatives pakistanaises.
Parallèlement, des partis politiques rivaux qui ont rejeté la victoire électorale du Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI, le parti d’Imran Khan), préparaient des manifestations contestant le résultat du scrutin de mercredi sur fond d’accusations de fraudes électorales.
Le PTI a obtenu 115 sièges, selon les derniers résultats partiels samedi, un score meilleur qu’attendu mais en deça des 137 nécessaires pour avoir la majorité nécessaire à la formation d’un gouvernement.
Le parti a commencé à sonder des partenaires de coalition potentiels et le processus devrait prendre une dizaine de jours, selon son porte-parole Fawad Chaudhry.
« Nous avons contacté de petits partis et des indépendants, ils vont bientôt rencontrer à Islamabad les responsables du parti », a annoncé vendredi soir M. Chaudhry.
Auparavant, les partis rivaux avaient décidé de lancer un « mouvement » de protestation après les réserves des observateurs étrangers à propos du scrutin.
La mission d’observation de l’Union européenne a fait état de « restrictions sur la liberté d’expresion » et d’un « manque notable d’égalité » aux élections, estimant que le scrutin n’était « pas à la hauteur » des dernières législatives en 2013. Partageant les conclusions des observateurs européens, les Etats-Unis ont exprimé des « inquiétudes au sujet d’irrégularités » durant la campagne.
Une douzaine de partis contestataires, dont le PML-N au pouvoir ces cinq dernières années et dirigé par Shahbaz Sharif frère de l’ancien Premier ministre Nawaz Sharif, se sont regroupés dans une Conférence (All Parties Conference, APC), annonçant vendredi après une réunion à Islamabad qu’ils allaient protester contre les résultats. Ils restent néanmoins divisés, certains réclamant de nouvelles élections, d’autres un boycott du nouveau Parlement.
Et le Parti du peuple pakistanais (PPP, dirigé par Bilawal Bhutto, fils de l’ex-Première ministre Benazir Bhutto assassinée en 2007), arrivé troisième du scrutin, était absent de la réunion de l’APC. Il a annoncé rejeter lui aussi les résultats des élections tout en faisant savoir qu’il chercherait à convaincre les autres formations politiques de participer au processus parlementaire.
Le parti d’Imran Khan, dont la victoire met un terme à des décennies d’alternance entre le PML-N et le PPP entrecoupée de périodes de pouvoir militaire, est accusé d’avoir bénéficié du soutien tacite de l’armée.
L’ex-champion de cricket a revendiqué dès jeudi la victoire à ces élections marquées par de nombreuses accusations de fraude et un dépouillement particulièrement lent, après une campagne électorale considérée par certains observateurs comme l’une des plus « sales » de l’histoire du pays.
Le scrutin était censé marquer une transition démocratique au Pakistan, puissance nucléaire, qui a été dirigé par son armée pendant près de la moitié de ses 71 ans d’histoire.