Le Pérou organisera un référendum pour « légitimer » ses réformes judiciaires en cours, qui prévoient notamment la création d’un parquet anticorruption et des sanctions contre les juges et les avocats corrompus, a annoncé samedi le président Martin Vizcarra, en réponse au scandale frappant l’institution judiciaire qui a déjà entraîné de multiples démissions.
« Le système judiciaire s’est effondré et (…) ce problème ne date pas d’aujourd’hui, il est structurel », a constaté le chef de l’Etat à l’occasion de l’anniversaire de l’indépendance du Pérou. « Nous ferons un référendum pour la réforme judiciaire ». Le président a souligné que les électeurs seraient également appelés à se prononcer sur la limitation du nombre des mandats pour les parlementaires, le rétablissement d’un parlement bicaméral et l’amélioration de la transparence des décisions de justice. « Avec ces mesures, nous réduirons de manière significative la corruption dans l’administration de la justice », a-t-il estimé. Les experts politiques se montrent cependant sceptiques sur la capacité de Martin Vizcarra à mettre en oeuvre toutes ces réformes, le Congrès (Parlement) étant dominé par le parti d’opposition d’extrême droite de Keiko Fujimori, la fille de l’ancien chef de l’Etat Alberto Fujimori. Le 20 juillet, le président de la Cour suprême du Pérou Duberli Rodriguez a présenté sa démission après la diffusion d’enregistrements compromettants dans lesquels l’on entend des juges monnayer des peines. Le président du Conseil national de la magistrature (CNM, organisme chargé de nommer les juges et les procureurs), Orlando Velasquez, a également démissionné, trois jours seulement après avoir pris ses fonctions à la suite de la démission de son prédécesseur. Ebranlée par ce scandale, la justice péruvienne avait été déclarée le 19 juillet en « état d’urgence » pour une durée de 90 jours. Plusieurs magistrats éclaboussés par le scandale ont déjà été écartés et le ministre de la Justice Salvador Heresi a été démis de ces fonctions par le président Vizcarra. Fin mars, son prédécesseur à la tête du Pérou Pedro Pablo Kuczynski avait démissionné, accusé d’avoir menti sur ses liens avec le géant brésilien du BTP Odebrecht, au coeur d’un vaste scandale de corruption qui ébranle une partie de la classe politique d’Amérique latine.