Tunisie : Le nouveau ministre de l’intérieur obtient la confiance du parlement

Alors que les observateurs appréhendaient un vote serré, voire un vote de défiance, le ministre tunisien de l’Intérieur désigné, Hichem Fourati, a été plébiscité samedi dans la soirée, en obtenant la confiance du parlement à une écrasante majorité.

Après une journée de débats parfois houleux, le nouveau chef de la sécurité tunisienne, dont les orateurs ont quasi-unanimement loué les qualités, a obtenu 148 voix favorables, 13 voix contre et huit abstentions.

Ce raz de marée parlementaire constitue, en fait, une victoire sans bavure du chef du Gouvernement, objet d’attaques virulentes de plusieurs partis dont le sien, Nida Tounes, et son directeur exécutif Hafedh Caïd Essebsi.

Ce dernier qui n’est autre que le fils de l’actuel président Béji Caïd Essebsi réclamait, à cor et à cri, sa chute en lui imputant les difficultés auxquelles le pays est confronté.

Coup de théâtre : le jour même du vote, le bloc de Nida Tounes opérait, à l’issue d’une réunion imprévue au sein même du parlement, en présence de Hafedh Caïd Essebsi, un revirement à 180 degrés, en annonçant que ses députés (56) allaient accorder leur confiance au nouveau ministre.

Le le chef du groupe parlementaire Nidaa Tounes, Soufiène Toubel, a justifié ce changement de position radical par la primauté de l’intérêt national, sans donner plus de détails.

Le ralliement de Nida Tounes et aussi de Machrou’ Tounes de Mohsen Marzouk est venu conforter l’appui, sans faille, apporté dès le début, par le mouvement Ennahdha d’obédience islamique au gouvernement Chahed qui y voit un facteur de stabilité.

Nida Tounes a, néanmoins, sommé Youssef Chahed de revenir au parlement dans 10 jours au plus tard pour lui soumettre, en vote de confiance, le remaniement qu’il apportera à son gouvernement.

S’adressant aux députés, le chef du gouvernement a mis en avant les qualités dont se prévaut le nouveau ministre et qui ont présidé à son choix, à savoir sa compétence, sa proximité de l’institution sécuritaire au sein de laquelle il exerce depuis plus de 20 ans, et sa neutralité.

Selon Chahed, sa feuille de route est déjà prête et comporte cinq priorités, à savoir, le renforcement des capacités opérationnelles, l’ancrage plus profond du caractère républicain de l’appareil sécuritaire, l’amélioration des conditions financières et morales des agents et des cadres de la sécurité, la mise à niveau de l’institution et la propagation du sentiment de sécurité chez le citoyen.

‘’Quels que soient nos tiraillements politiques et les ambitions personnelles de certains, c’est de l’intérêt supérieur de la nation qu’il s’agit’’, a fait valoir le chef du Gouvernement devant les députés.

« Accorder votre confiance à Hichem Fourati, en tant que ministre de l’Intérieur, c’est envoyer un signal fort de notre unité contre le terrorisme, pour la sécurité et contre le crime et la malversation’’, a-t-il poursuivi.

S’inscrivant en faux contre ceux qui prônent le défaitisme et ne voient que des tableaux noirs en parlant des difficultés que traverse le pays, Youssef Chahed a défendu son bilan en mettant en avant les indicateurs économiques qui commencent à virer au vert, alors qu’ils étaient tous au rouge quand il a pris ses fonctions en 2016.

“Bien que momentanément douloureuses, les mesures prises par le gouvernement portent déjà leurs fruits comme en témoignent notamment la réduction du déficit budgétaire, la hausse des exportations et la reprise remarquable du tourisme, due à l’amélioration du climat sécuritaire”, a-t-il plaidé.

“Tous les pays qui vivent une étape de transition ont été amenés à prendre de telles mesures”, a-t-il noté en assurant que 2018 sera “la dernière année difficile en Tunisie”.

Il a conclu en se déclarant “ouvert à toutes les bonnes volontés, les bras tendus à tous”, en lançant un appel à l’unité.

“Nous devons tous faire prévaloir l’intérêt national pour relever les défis auxquels est confronté le pays”, a-t-il martelé.