En démissionnant, Zouheir Bahloul souhaite protester contre la récente loi définissant l’État hébreu comme la nation du peuple juif, et retirant l’arabe comme langue officielle du pays.
Un député arabe israélien a annoncé samedi sa démission pour protester contre la récente loi définissant Israël comme « l’État-nation du peuple juif », selon laquelle le « développement de localités juives relève de l’intérêt national » et l’arabe n’est plus une langue officielle du pays.
Zouheir Bahloul, du parti de l’Union sioniste (opposition), a indiqué lors d’une émission de télévision sur la chaîne israélienne Reshet TV qu’il ne voulait pas avoir à dire à son petit-fils qu’il était resté membre du Parlement après le vote la semaine dernière de cette loi controversée, adoptée avec le soutien du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Cette législation « retire officiellement, constitutionnellement la population arabe du chemin d’égalité en Israël », a-t-il indiqué en hébreu. « Devrais-je légitimer ce Parlement raciste, extrémiste et destructeur ? ». Zouheir Bahloul a indiqué que sa démission prendrait effet à la rentrée parlementaire en septembre.
Une loi qualifiée de « raciste » par ses détracteurs. Plusieurs détracteurs de cette loi, qui entre dans la catégorie des lois fondamentales faisant office de Constitution en Israël, l’ont déjà qualifiée de « raciste » et des députés arabes israéliens en ont déchiré des exemplaires au sein même du Parlement après son adoption. Les Arabes israéliens sont les descendants des Palestiniens restés sur leurs terres à la création d’Israël en 1948. Ils représentent 17,5% de la population israélienne, très majoritairement juive, et se disent victimes de discriminations.
Les craintes de la communauté druze israélienne. La communauté druze israélienne (130.000 personnes vivant principalement dans le nord d’Israël) a par ailleurs demandé à la Cour suprême de statuer sur ce texte législatif, qui fait d’eux des « citoyens de seconde zone » selon des dirigeants druzes. Les druzes, qui parlent l’arabe et professent une foi issue d’un islam très hétérodoxe, effectuent leur service militaire obligatoire et servent dans l’armée israélienne, contrairement aux Arabes israéliens. Vendredi, Benjamin Netanyahu s’est entretenu avec le leader spirituel druze cheikh Mouafak Tarif et le général en retraite Amal Assad, druze lui aussi. Les discussions avec cette communauté vont se poursuivre, a assuré le bureau du Premier ministre.
Deux ministres israéliens ont récemment appelé à amender la loi pour tenir compte des membres de la minorité druze. La loi proclame également que Jérusalem est la capitale d’Israël, y compris la partie orientale de la ville, annexée et occupée par l’État hébreu. La communauté internationale n’a jamais reconnu l’annexion de Jérusalem-Est.