La popularité d’Emmanuel Macron souffre de l’affaire Benalla

L’affaire Benalla est-elle une « tempête dans un verre d’eau », comme l’affirme le président français Emmanuel Macron, ou un poison lent pour la suite de son quinquennat ? Dans l’immédiat, elle « choque » huit Français sur dix selon une enquête Elabe, et deux tiers d’entre eux (OpinionWay) la jugent « grave ».

La popularité du chef de l’État recule dans plusieurs sondages à la suite de l’affaire Benalla, du nom de son ancien collaborateur accusé de violences, mais sans entraîner de rupture avec les Français, selon des experts.

M. Macron perd 4 points de popularité fin juillet, selon l’institut Ipsos. Avec 32% d’opinions favorables, il est à son plus bas niveau dans ce baromètre depuis septembre 2017. Dans l’enquête Ifop, il ne perd qu’un point à 39% mais parce que celle-ci a été réalisée en deux temps : avant le 19 juillet et le début de l’affaire, le chef de l’Etat gagnait un point, mais, dans une seconde vague conduite du 25 au 27 juillet, il en perd trois à 37%, et retrouve son niveau plancher.

« L’affaire Benalla a eu un impact réel, mais il n’y a pas de rupture d’opinion », commente Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop: « Malgré le +blast+ médiatique, les critiques majeures des Français restent économiques et sociales. Sur le président des riches, la politique injuste… » Seul Harris Interactive donne Emmanuel Macron en hausse de deux points à 42% après deux mois de forte baisse.

En terme d’image, 73% des Français interrogés estiment que l’affaire a un impact négatif sur l’idée qu’ils ont d’Emmanuel Macron (Elabe). Et ils ne sont plus que 49% (-8) à croire qu’il « incarne le changement » (OpinionWay). L’affaire n’a pas pour autant entraîné de décrochage du chef de l’État : à la même époque de leur mandat, la popularité du socialiste François Hollande était plus basse (27%) et celle du président de droite Nicolas Sarkozy (38%) comparable à la sienne dans les enquêtes de l’Ifop. « La force de Macron, c’est avant tout sa stature personnelle. Si cette affaire dégrade la promesse qu’il a construite sur la rupture avec les comportements antérieurs, c’est un problème pour le long et moyen terme », analyse Bruno Jeanbart, directeur général adjoint d’OpinionWay.

« Après un an, la bienveillance vis-à-vis du pouvoir s’estompe », poursuit-il : « On entre dans une phase où l’on attend de voir les effets de la politique menée. Le problème c’est qu’une politique ne produit pas d’effet en un an, ça prend souvent deux, trois, quatre ans. Le temps politique va se heurter à celui de l’opinion qui est beaucoup plus impatiente ».