En Colombie, le président Santos passe juste à côté de la paix complète

Il s’en est fallu de « très peu » : le président colombien sortant Juan Manuel Santos a annoncé que son gouvernement et la dernière guérilla de son pays n’avaient pas réussi à conclure un cessez-le-feu, coupant court à sa tentative d’obtenir une paix complète en Colombie.

« Il reste très peu (de points à négocier), 10% je dirais, avant d’entamer un cessez-le-feu réel et vérifiable et de poursuivre avec l’ordre du jour » des négociations avec l’ELN, a déclaré mercredi le chef de l’Etat qui doit passer le pouvoir le 7 août à Ivan Duque (droite), partisan d’une ligne dure avec les rebelles.

« Ce que l’on attend de savoir, c’est si le nouveau gouvernement va continuer, ce que j’espère », a ajouté le président qui a signé la paix fin 2016 avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), alors la principale guérilla du pays, devenues depuis un parti politique.

L’accord a valu à ce président de centre droit le prix Nobel de la Paix, mais aussi une impopularité de 80% dans ce pays de 49 millions d’habitants très divisé sur la question du conflit interne qui déchire la Colombie depuis plus d’un demi-siècle.

Dans la foulée du traité de paix avec les Farc, le gouvernement de M. Santos avait entamé en 2017 des négociations avec l’Armée de libération nationale (ELN) et ses 1.500 combattants.

Son objectif était de parvenir à une « paix complète » en Colombie, un pays où le conflit armé entre guérillas, paramilitaires, trafiquants de drogue et agents de l’Etat a fait huit millions de victimes, entre ceux qui ont été tués, déplacés ou portés disparus.

Un cessez-le-feu avec l’ELN n’était pas forcément synonyme d’accord de paix avec cette guérilla mais cela aurait mis le pays sur des rails, jugent les observateurs.

Selon le président Santos, la trêve n’a pu se concrétiser faute d’un accord sur les modalités de vérification par l’ONU.