Le Premier ministre cambodgien Hun Sen a célébré jeudi devant des milliers d’ouvriers sa victoire « claire comme le cristal » lors des législatives très controversées du 29 juillet, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Il s’agissait de son premier discours depuis ce scrutin.
L’homme fort du Cambodge n’avait aucun compétiteur sérieux en l’absence de la principale force d’opposition, le Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP), dissoute fin 2017.
Son mouvement, le Parti du peuple cambodgien (PPC), revendique avoir remporté l’ensemble des sièges à l’Assemblée nationale (125).
L’appel au boycott lancé par l’opposition avant le scrutin « a échoué. Plus de 82% des Cambodgiens sont allés voter, cela montre qu’ils soutiennent le processus démocratique », a ajouté Hun Sen, déjà au pouvoir depuis 33 ans.
Quelques 6,9 millions d’électeurs se sont rendus aux urnes dimanche. Mais, 600.000 bulletins « dégradés » ont dû être invalidés, selon la Commission électorale cambodgienne, un chiffre bien supérieur aux dernières élections de 2013.
Les partis d’opposition « méritent de mourir, s’ils sont vivants, la guerre pourrait éclater », a ajouté Hun Sen, brandissant un de ses thèmes de campagne favoris: la menace d’un retour au chaos dans le pays encore traumatisé par le régime khmer rouge, coupable d’un génocide qui a fait près de deux millions de morts dans les années 1970.
Hun Sen a annoncé qu’il formerait un nouveau gouvernement le 20 septembre au lendemain de la première réunion de la nouvelle assemblée législative.
A son habitude, il a distribué des enveloppes de 200 dollars aux ouvrières enceintes présentes à la réunion, promettant à tous les travailleurs venus y assister cinq dollars.
Si Pékin, fidèle allié du régime, qui a investi plus de 4,5 milliards d’euros ces cinq dernières années dans le royaume, a adressé ses « sincères félicitations » au gouvernement, les puissances occidentales ont unanimement condamné ces élections.
Washington les a qualifié de « revers le plus cinglant au système démocratique défini par la Constitution cambodgienne », Bruxelles déplorant des résultats qui « manquent de crédibilité », en l’absence de toute compétition électorale.
19 autres petits partis étaient en lice, mais aucun n’avait remporté de siège aux élections de 2013.
Le CNRP avait en revanche raflé 44% des suffrages prenant le régime de court.
Sam Rainsy, le fondateur du CNRP, en exil en France pour échapper à la prison, a exhorté la communauté internationale à rejeter les résultats.