Marcello Foa, le journaliste souverainiste nommé par le gouvernement populiste italien pour présider la Rai (audiovisuel public) mais rejeté en commission parlementaire, a annoncé aujourd’hui qu’il resterait en place jusqu’à nouvel ordre.
Le règlement lui permet en effet de rester à la présidence de cette institution sensible en tant que membre le plus âgé du conseil d’administration. « J’attends des indications de l’actionnaire et dans l’intervalle, je continuerai, dans le plein respect des lois et règlements, à coordonner les travaux du conseil d’administration en tant que doyen, dans l’intérêt exclusif du bon fonctionnement de la Rai », a annoncé dans un communiqué M. Foa, journaliste italo-suisse de 55 ans.
« Je veux souligner que lors de ces premières réunions, le climat au sein du conseil a été excellent, dans un échange franc et loyal avec des collègues de haute valeur, et que l’esprit qui nous unit est celui de servir la plus grande entreprise culturelle du pays », a-t-il ajouté. La Ligue (extrême droite) et le Mouvement 5 étoiles (M5S, populiste), au pouvoir depuis deux mois, s’étaient accordés sur son nom après de longues tractations. La presse italienne le présente comme un souverainiste, défenseur affiché du président russe Vladimir Poutine.
La Ligue avait salué sa nomination comme « la fin de la pensée unique » mais son nom a provoqué une volée de critiques à droite comme à gauche. Mercredi, la commission parlementaire de surveillance a refusé de valider ce choix, avec les élus de Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, en opposition frontale. Matteo Salvini, le patron de la Ligue, a fustigé mercredi le choix de son ancien allié de « s’opposer au changement », en insistant sur les sondages qui le placent désormais à égalité avec le M5S tandis que Forza Italia est en chute libre.
« Marcello Foa est une personne appréciée, estimée en Italie et dans le monde, une personne libre », a-t-il insisté, assurant qu’il demandait seulement aux journalistes « d’être objectifs et corrects, pas encartés ». Plus prudent, le chef de file du M5S, Luigi Di Maio, a répété que le président de la Rai devait « être élu ». Son jeune mouvement issu de la révolte contre la vieille classe dirigeante s’accorde en effet mal avec un président de l’audiovisuel public en place seulement pour une question d’âge. Il a donc souhaité que les forces politiques s’accordent sur le nom de M. Foa, mais aussi évoqué l’éventualité d’une « alternative ».