Le Congrès américain a approuvé mercredi à une nette majorité un budget de 716,3 milliards de dollars pour le Pentagone, accélérant les dépenses militaires et renforçant la posture des Etats-Unis face à la Russie tout en évitant de fâcher Donald Trump, qui doit maintenant le ratifier.
Le Sénat a approuvé la loi sur le budget de la Défense (NDAA) 2019 par 87 voix contre 10, une semaine après son approbation par 359 voix contre 54 à la Chambre des représentants.
« Je suis reconnaissant envers la détermination des membres du Congrès des deux partis à adopter la NDAA en temps record cette année », a commenté le ministre de la Défense Jim Mattis dans un communiqué.
La loi débloque 69 milliards de dollars pour les opérations extérieures en cours (Afghanistan, Syrie, Irak, Somalie, etc.), prévoit une augmentation de 2,6% des salaires des membres des forces armées, et autorise des dizaines de milliards d’investissements dans la modernisation de la Navy, de l’US Air Force et des missiles de défense des Etats-Unis.
Le document interdit au Pentagone de remettre à la Turquie le moindre avion de combat F-35 tant qu’Ankara ne se sera pas engagée à ne pas finaliser ses négociations avec la Russie pour l’achat de systèmes de défense antiaérienne russes S-400, auquel cet avion furtif est sensé pouvoir échapper.
Les Etats-Unis ont livré fin juin leurs premiers F-35 à la Turquie, malgré les tensions croissantes avec ce pays membre de l’Otan. Mais ces appareils vont dans un premier temps rester aux Etats-Unis pendant toute la formation des pilotes turcs, un processus qui peut prendre un à deux ans selon le Pentagone.
Pour ne pas risquer un véto du président américain, les sénateurs ont par ailleurs renoncé à un amendement qui aurait bloqué un accord de l’administration avec le groupe de télécommunications chinois ZTE allégeant des sanctions pour violation des embargos contre l’Iran et la Corée du Nord.
Cette capitulation des sénateurs, qui estiment que le groupe chinois représente un danger pour la sécurité nationale des Etats-Unis, a contrarié le sénateur républicain Marco Rubio, qui a voté contre le texte.
A la demande du Pentagone, la loi autorise des exceptions aux sanctions américaines contre les pays qui achètent des armements russes, afin de ne pas jeter certains pays définitivement dans les bras de la Russie.
M. Mattis veut notamment pouvoir commencer à vendre de l’armement à l’Inde, plus gros importateur mondial en matière de défense, qui achète de longue date des équipements russes et discute avec Moscou de l’acquisition de ses systèmes de défense antiaérienne S-400.
Le document restreint la coopération militaire avec la Russie et dégage 65 millions de dollars pour la modernisation de l’arsenal nucléaire américain, notamment le développement d’armes nucléaires de faible puissance.