Secourus par un navire italien à une soixantaine de milles nautique de la Libye, 108 migrants ont été renvoyés vers un port de Tripoli. Une décision saluée par le ministre de l’Intérieur italien mais qui viole le droit international, selon des ONG.
Le 30 juillet, l’Asso Ventotto, un navire commercial italien, a secouru 108 migrants à une soixantaine de milles nautiques au nord-ouest de Tripoli, dans les eaux internationales. Contrairement à la pratique de ces dernières années, où les gardes-côtes italiens coordonnaient les opérations et les migrants étaient amenés en Italie, l’Asso Ventotto les a cette fois-ci reconduits à Tripoli.
Selon le quotidien La Repubblica, l’équipage du navire de ravitaillement italien a contacté le centre de coordination des secours maritimes à Rome, qui les a orientés vers le centre de commandement maritime libyen. C’est celui-ci qui leur a donné l’instruction de ramener les migrants au port de Tripoli.
Une décision qui, selon des ONG et des politiques italiens, pourrait enfreindre le droit international. «La Libye n’est pas un port sûr et cela peut conduire à une violation du droit international», a ainsi commenté le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), en précisant qu’il était encore en train de recueillir des informations sur cette affaire.
«Il s’agit d’un refoulement collectif», a de son côté dénoncé Nicola Fratoianni, député italien de gauche actuellement à bord d’un navire d’une ONG espagnole. «C’est une violation du droit international qui stipule que les personnes sauvées en mer doivent être amenées dans un « port sûr ». Malgré ce que dit le gouvernement italien, les ports libyens ne peuvent être considérés comme tels», a-t-il déclaré sur Twitter.
En 2012, la Cour européenne des droits de l’Homme avait condamné Rome après qu’un navire militaire italien avait ramené des migrants dans la Libye de Mouammar Kadhafi trois ans plus tôt, en 2009.
Le ministre italien de l’Intérieur et chef de la Ligue, Matteo Salvini, a fermement nié que son pays ait contrevenu au droit international. «La marine garde-côtière italienne n’a ni coordonné, ni participé à cette opération, comme l’a faussement déclarée une ONG et un député de gauche mal informé», a-t-il répondu dans un message sur Facebook.
«Ces dernières heures, les garde-côtes libyens ont secouru et ramené 611 migrants en Libye», a-t-il encore salué. «Les ONG protestent et les trafiquants perdent leur business ? C’est bien, nous continuons», a-t-il ajouté en répétant son slogan : «Ports fermés, cœurs ouverts.»
Le ministre italien de l’Intérieur, en poste depuis le 1er juin, a indiqué en juillet vouloir réduire à zéro le nombre de migrants arrivant sur les côtes italiennes. Il a ainsi décidé d’interdire l’accès des ports italiens aux ONG portant secours aux migrants en Méditerranée et compte élargir cette interdiction aux navires des missions internationales en Méditerranée.
Le 14 juillet, après l’Aquarius et le Lifeline, une nouvelle embarcation avec 450 migrants à bord avait fait l’objet de tractations entre les pays du sud de l’Europe, notamment Malte et l’Italie. L’embarcation en bois, en provenance de Libye, avait été découverte le 13 juillet à l’aube dans les eaux internationales, plus précisément dans la zone d’intervention maltaise. Les navires avaient pu accoster en Sicile au cours du week-end des 14 et 15 juillet après l’engagement pris par la France, l’Allemagne, l’Espagne, le Portugal et Malte d’accueillir chacun une cinquantaine de rescapés.