Cyclotouristes tués: le Tadjikistan reconnait une « attaque terroriste » mais pas de l’EI

Le Tadjikistan a utilisé pour la première fois vendredi le terme d' »attaque terroriste » en référence à l’assassinat de quatre cyclotouristes étrangers, tout en maintenant sa réfutation de la revendication de l’Etat islamique.

« L’attaque qui visait les touristes étrangers était un acte terroriste », a déclaré le procureur de l’ex-Etat soviétique dans un communiqué, précisant qu’elle était destinée à « créer une atmosphère de peur et de panique dans la société et à affaiblir l’autorité internationale de la République du Tadjikistan. »

L’attaque, initialement présentée comme un accident de la route, a été perpétrée dimanche par un gang armé contre un groupe de sept cyclistes étrangers.

Quatre d’entre eux sont morts: deux Américains, Jay Austin et Lauren Geoghegan, un Suisse, Markus Hummel, et un Néerlandais, René Wokke. Un Suisse et un Néerlandais ont été blessés et un touriste français est indemne.

Mardi, l’Etat islamique a publié une vidéo montrant cinq hommes, ressemblant à ceux des portraits diffusés par la police tadjike, prêtant allégeance à Abu Bakr al-Baghdadi, chef du groupe terroriste.

Cette vidéo a été publiée « dans le but de lever les soupçons pesant sur une autre organisation terroriste, le Parti de la Renaissance Islamique, qui est le principal commanditaire de cet acte terroriste », a réagi le procureur.

Le Parti de la Renaissance Islamique, dont la responsabilité est pointée par un rapport de police, se présentait comme un parti religieux modéré avant d’être mis hors-la-loi en 2015, date à laquelle le Tadjikistan a entamé une longue répression de l’opposition.

La police tadjike a aussi affirmé qu’un suspect arrêté et considéré comme l’un des meneurs de l’attaque contre les touristes, « a suivi un entraînement » en Iran, pays avec lequel le Tadjikistan a des relations tumultueuses.

L’Iran et le Parti de la Renaissance Islamique ont tous deux nié tout lien avec l’attaque.

Le Tadjikistan, un pays laïc dont la population est majoritairement sunnite, fait de la lutte contre l’intégrisme religieux une priorité. Les autorités de ce pays voisin de l’Afghanistan estiment que plus de mille Tadjiks ont rejoint les jihadistes en Irak et en Syrie.

Elles ont pris en 2015 des mesures radicales pour contrer l’influence des extrémistes religieux, parmi lesquelles le rasage forcé des barbes et une campagne contre le port du hijab.