Emmanuel Macron a invité les ministres à se ressourcer avant une rentrée chargée.
Nicolas Hulot était le premier à descendre les marches du perron du Palais de l’Élysée, vendredi, peu après 12h30. Au sortir de cet ultime Conseil des ministres avant la pause estivale, le ministre de la Transition écologique et solidaire affichait un large sourire. Quelques minutes plus tard, c’était au tour du ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, de laisser paraître une mine réjouie, à la veille de son départ pour le Sud-Ouest et les Alpes. «Cool!» lâche-t-il aux journalistes qui l’interrogeaient sur le programme de ses vacances.
Comme chaque année, les congés estivaux des membres du gouvernement sont strictement encadrés. Une circulaire publiée le 25 juin par le secrétariat général du gouvernement précise ainsi que «les ministres qui souhaitent s’absenter durant cette période devront choisir une destination compatible avec leurs responsabilités ministérielles» et «rester joignables en cas de nécessité».
Après une première année de quinquennat menée au pas de charge, le président de la République et l’ensemble du gouvernement s’accordent deux semaines et demie de vacances. «Une trêve bien méritée», a estimé Emmanuel Macron vendredi, pendant un Conseil des ministres plus condensé que d’habitude au cours duquel le chef de l’État a remercié les membres du gouvernement «pour l’engagement des derniers mois, le travail conduit sans relâche».
«Il nous a dit de prendre de la distance, de nous reposer mais d’être en veille permanente et de pouvoir bien préparer la rentrée», a déclaré Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement. «Il est important de pouvoir recharger les batteries, pas pour le plaisir de les recharger, mais pour pouvoir repartir encore plus fort.» Le message que souhaite faire passer le président de la République est clair: après un calendrier législatif perturbé par l’affaire Benalla, la volonté réformatrice de l’exécutif en est renforcée.
64 textes de loi adoptés
«L’intensité du programme de transformation ne faiblira pas à la rentrée, bien au contraire», a averti Benjamin Griveaux, citant comme exemples la loi Pacte sur la croissance des entreprises, les projets de loi de finances et de financement de la Sécurité sociale. «Ces vacances vont nous faire du bien, l’agitation qu’on a subie ces dernières semaines, la tension au Parlement, tout ça était très fatigant, souffle un membre du gouvernement. Maintenant, c’est derrière nous.»
En tout, 64 textes de loi ont été adoptés au cours de cette première année de législature – soit moins que sous Nicolas Sarkozy et François Hollande à la même époque -, dont une dizaine au mois de juillet, en pleine tempête politique. «Ce n’était pas acquis, on a tenu bon», se félicite un proche du président de la République. «Le travail n’a pas cessé», a insisté Benjamin Griveaux, vendredi, dans son compte rendu du Conseil des ministres.
Avant de partir à Brégançon, Emmanuel Macron a promulgué la loi sur les violences sexuelles et sexistes, adoptée définitivement mercredi. Il doit aussi promulguer dans quelques jours celle instaurant un «droit à l’erreur». Stoppé net à l’Assemblée nationale le 23 juillet, le projet de loi de réforme constitutionnellen’est pour le moment pas inscrit à l’ordre du jour du mois de septembre.
«Il n’est pas question d’abandonner cette réforme importante que les Français ont appelée de leurs vœux», a insisté vendredi Benjamin Griveaux, précisant que ce chantier, victime de «l’obstruction», serait «l’une des priorités de la rentrée». Le calendrier de ce texte sensible devrait être tranché dès la fin août entre le président de la République et son premier ministre. «Ce sera l’objet de leur toute première discussion de rentrée», croit savoir un ministre.
En plus du texte sur la lutte contre la fraude fiscale, la réforme des institutions, et la loi Pacte, l’exécutif est attendu à partir de septembre sur l’annonce du plan pauvreté, le chantier délicat des retraites, la loi de bioéthique, la réforme de la procédure pénale ou encore de l’audiovisuel. «Les vacances, c’est le moment idéal pour travailler sans être dérangé», s’enthousiasme d’avance la secrétaire d’État Marlène Schiappa.