Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a appelé samedi à « maintenir la pression » sur la Corée du Nord, stigmatisant notamment la Russie pour d’éventuelles violations des sanctions internationales, mais a assuré que le monde était « uni » pour pousser à la dénucléarisation de Pyongyang.
Selon un rapport d’experts des Nations unies, consulté vendredi par l’AFP, la Corée du Nord « n’a pas stoppé ses programmes nucléaire et balistique et a continué de défier les résolutions du Conseil de sécurité à travers une hausse massive des transbordements illicites de produits pétroliers en mer ».
Mike Pompeo a insisté, au cours d’un forum de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean) à Singapour, « sur l’importance de maintenir la pression diplomatique et économique sur la Corée du Nord, afin d’arriver à une dénucléarisation définitive et totalement vérifiée à laquelle la Corée du Nord s’est engagée ».
Lors d’une conférence de presse, il a ajouté avoir demandé aux membres de l’Asean « d’appliquer strictement toutes les sanctions, y compris la cessation totale de transferts illégaux de pétrole entre navires » à destination la Corée du Nord.
Après une escalade des tensions sans précédent en 2017, ponctuée par des tirs de missiles et un essai nucléaire majeur de la part du régime reclus de Pyongyang, ainsi que par des sanctions internationales de plus en plus strictes en retour, l’année 2018 a été marquée par un dégel spectaculaire. Il a abouti au sommet historique le 12 juin, à Singapour, entre le président américain Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un.
Ce dernier a réaffirmé son engagement en faveur d’une « dénucléarisation complète de la péninsule coréenne », une vague déclaration d’intention sans calendrier ni modalités, bien loin de la dénucléarisation « complète, vérifiable et irréversible » qu’exigeaient les Etats-Unis.
Pas de rencontre avec les Nord-Coréens
Mike Pompeo est chargé, côté américain, des négociations pour la mise en oeuvre de cet engagement, mais les tractations patinent.
« Je n’ai pas rencontré les Nord-Coréens » lors des réunions de Singapour, a reconnu le chef de la diplomatie américaine, malgré la présence de son homologue Ri Yong Ho. Il n’a pas dit si une telle rencontre pouvait avoir lieu avant son départ samedi après-midi.
Depuis le sommet Trump-Kim, Washington a déploré que certains pays, Chine et Russie en tête, aient commencé à relâcher la pression sur Pyongyang.
Samedi, Mike Pompeo a salué l’engagement du ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, qui lui a promis, a-t-il dit, de continuer à appliquer les sanctions.
Il a en revanche particulièrement stigmatisé la Russie, évoquant des informations selon lesquelles elle continuait de faire affaire avec des Nord-Coréens et d’offrir du travail aux travailleurs expatriés nord-coréens, source importante de revenus pour le régime de Pyongyang.
« Ce serait une violation des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies » et « toute violation » sera « prise très au sérieux par les Etats-Unis », a-t-il lancé, promettant d’en parler avec Moscou.
« Le président Kim a pris un engagement », a martelé le chef de la diplomatie américaine, celui « de dénucléariser son pays ». « Je dois dire, après mes réunions ici, que le monde est uni vers cet objectif », « je suis optimiste dans notre succès », a-t-il assuré.
Mais « nous savons tous que cela prendra du temps », a-t-il aussitôt ajouté, pour relativiser l’absence de progrès concrets. Interrogé par Channel NewsAsia, il a dû admettre que « le calendrier final pour la dénucléarisation sera fixé par le président Kim, au moins en partie ».
Au cours de ses entretiens avec les pays d’Asie du Sud-Est, Mike Pompeo a également évoqué, une nouvelle fois, les « inquiétudes » des Etats-Unis au sujet de la « militarisation chinoise de la mer de Chine de Sud ». Il a annoncé près de 300 millions de dollars supplémentaires en assistance pour la sécurité dans la région indo-pacifique.