Le bilan s’est alourdi aujourd’hui à Gardez, dans l’est de l’Afghanistan, où les autorités ont dénombré 35 morts et 94 blessés au lendemain de l’attentat de deux kamikazes en burqa dans une mosquée chiite, revendiqué par les jihadistes du groupe Etat islamique.
« Parmi les 35 morts, trois étaient des enfants » a déclaré à l’AFP Shamim Khan Katawazi, gouverneur de la province de Paktia, précisant que « parmi les 94 blessés, dix-sept, dans un état critique, ont été transférés par hélicoptère à Kaboul ». Un précédent bilan faisait état hier de 29 morts et 81 blessés.
Le chef de la police provinciale, le général Raz Mohammad Mandozai, a confirmé le nouveau décompte de victimes, ainsi que la présence d’enfants parmi elles.
Les kamikazes étaient vêtus de burqas
Les kamikazes déguisés en femmes, dissimulant leurs vestes explosives sous les burqas, ont fait irruption dans la mosquée en pleine prière du vendredi et ont ouvert le feu sur les croyants avant d’activer leurs charges, provoquant un carnage. Ce n’est pas la première fois que des kamikazes se présentent sous une burqa, profitant du fait que les femmes sont rarement fouillées.
Dans la soirée, le groupe Etat islamique (EI) a revendiqué l’attaque via son organe de propagande Amaq, selon le site américain spécialisé dans la surveillance des groupes islamistes et extrémistes Site. Les talibans avaient rapidement fait savoir qu’ils n’avaient « rien à voir » dans ce massacre, désignant une nouvelle fois, implicitement, l’EI.
« Les ennemis de l’Afghanistan veulent semer la division parmi nous mais ils ne font que renforcer la haine à leur égard », a déclaré Sayed Moharram, 40 ans, dont le fils est mort lors de l’attaque.
Le gouvernement « n’a pas fait son travail »
Depuis deux ans, la minorité chiite d’Afghanistan et ses mosquées sont régulièrement ciblées par des attentats généralement revendiqués ou attribués aux extrémistes sunnites de l’EI. Mais c’est la première fois qu’une mosquée chiite est visée dans la province instable de Paktia, frontalière des zones tribales du Pakistan et pourtant théâtre de nombreux attentats.
« Nous avions demandé au gouvernement de prendre des mesures et de protéger les mosquées et les rassemblements chiites, de déployer l’armée. Mais ils n’ont pas fait leur travail », dénonce Haji Sultan, 70 ans, en marge des funérailles.
L’EI, en recul face à l’armée et aux talibans sur le front militaire dans le nord et l’est, ses principaux fiefs, multiplie actuellement les attentats aveugles.