Le président de la télévision publique turque a écarté tout retour à la compétition européenne de chansons, tant que l’Eurovision mettrait en avant des personnalités allant à l’encontre des valeurs prônées par ce pays.
La Turquie, qui boycotte depuis l’Eurovision depuis 2012, ne participera pas à la prochaine édition de ce concours international de chansons Eurovision, jugeant la compétition inadaptée au jeune public, selon le président de la télévision publique turque TRT, Ibrahim Eren.
La Turquie demande un retour des « valeurs ». « Nous n’envisageons pas de participer à la compétition », a déclaré Ibrahim Eren, selon des propos rapportés par le quotidien Hürriyet. « En tant que chaîne publique, nous ne pouvons diffuser en direct à 21 heures, une heure où les enfants regardent la télévision, un Autrichien qui porte à la fois une barbe et une jupe, (…) et qui se dit à la fois homme et femme », a-t-il justifié. Il faisait là clairement référence à la drag queen autrichienne Conchita Wurst, gagnante de l’Eurovision en 2014. « Nous l’avons dit à l’Union européenne de radio-télévision (UER), ‘vous avez dévié de vos valeurs' », a poursuivi Ibrahim Eren. « Quand cela sera corrigé, nous reviendrons à l’Eurovision ».
Un boycott aussi lié à l’organisation. L’édition 2019 de l’Eurovision doit se tenir en Israël, dont la représentante, Netta Barzilai, l’a emporté en mai dernier. La télévision publique turque avait claqué la porte du concours de l’Eurovision en 2012, citant un audimat faible et sa désapprobation pour les règles de vote en vigueur qui, à ses yeux, n’accordaient pas une part suffisante au choix du public. Entre autres reproches, la Turquie déplorait officiellement un système qui, depuis 2009, accordait systématiquement aux cinq principaux contributeurs financiers à l’événement (Allemagne, Espagne, France, Grande-Bretagne, Italie) une place en finale, quelle que soit la qualité de la prestation artistique de leurs représentants.
Un déclin « moral » de l’Eurovision. Mais, plus qu’un problème d’organisation, de nombreux observateurs ont expliqué la décision turque par ce que les autorités islamo-conservatrices considèrent comme un déclin « moral » de la compétition. Le retrait de la Turquie est intervenu après que la Suède, le pays hôte en 2013, eut retransmis les images de deux danseurs suédois s’embrassant pendant les répétitions. La Turquie avait remporté le concours en 2003, à Riga (Lettonie), grâce à sa star Sertab Erener.