Londres voudrait « coopérer » avec la Russie dans le cadre de l' »affaire Skripal »

Les autorités britanniques s’apprêtent à demander à la Russie d’extrader deux ressortissants russes soupçonnés d’être les auteurs de l’attaque contre l’ex-agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Youlia début mars à Salisbury, dans le sud de l’Angleterre, rapporte aujourd’hui le quotidien The Guardian.

Le journal, qui cite des sources au sein du gouvernement et des services de sécurité, ajoute que les procureurs ont bouclé leur demande d’extradition et qu’elle est prête à être transmise à la Russie. La police et les agences du renseignement, poursuit le Guardian, ont reconstitué les mouvements des deux suspects russes depuis leur entrée sur le territoire britannique jusqu’à leur départ.

Aucun commentaire n’a pu être obtenu auprès des autorités. Le 19 juillet dernier, le ministre britannique de la Sécurité, Ben Wallace, avait qualifié de « spéculation mal informée » des informations de l’agence Press Association rapportant que la police avait identifié des suspects russes. Sergueï et Ioulia Skripal ont été empoisonnés le 4 mars au Novitchok, un agent neurotoxique. Ioulia Skripal est restée dans le coma pendant 20 jours. Elle a pu quitter l’hôpital cinq semaines après l’empoisonnement. Son père, ancien colonel du renseignement militaire russe qui a donné aux services britanniques des dizaines d’agents, est sorti le 18 mai.

L’attaque imputée à la Russie par les services britanniques du renseignement a fait deux autres victimes, hospitalisées le 30 juin après avoir été mis en contact eux aussi avec du Novitchok. Dawn Sturgess, une femme de 44 ans, n’a pas survécu; Charlie Rowley, âgé de 45 ans, s’est rétabli.

« Policiers et officiers du renseignement pensent que le Novitchok utilisé pour attaquer les Skripal le 4 mars a été pulvérisé au moyen d’un flacon de parfum, ou appliqué sur la poignée de leur porte d’entrée », écrit le Guardian. « La police travaille sur l’hypothèse que le flacon a été jeté quelque part dans la ville, où il a été récupéré par la suite par Rowley qui l’a offert à Sturgess. »

Les accusations britanniques ont provoqué une crise diplomatique sans précédent depuis la fin de la Guerre froide. Une centaine de diplomates russes ont été expulsés de Grande-Bretagne et des Etats-Unis notamment. Moscou, qui dément toute responsabilité dans l’agression, a répliqué par des mesures équivalentes.