Ambassadeur russe à Paris: l’Europe est consciente de l’absurdité des sanctions antirusses

Dans son interview avec le quotidien Rossiïskaïa gazeta, Alexeï Mechkov, ambassadeur de Russie en France, évoque l’attitude de l’Europe envers la Russie et la lutte contre l’image négative de Moscou.

L’ambassadeur russe en France Alexeï Mechkov a évoqué dans une interview au journal Rossiïskaïa gazeta la dynamique de la coopération franco-russe.

«Ces deux dernières années, nous constatons une tendance positive au rétablissement de la coopération économique franco-russe. L’an dernier, les échanges ont augmenté de presque 15,5% pour atteindre 16 milliards d’euros – une somme qui ne correspond pas au niveau de notre coopération: le potentiel de nos deux pays est bien plus important. Mais il faut savoir que, premièrement, nous continuons de travailler avec la France dans le secteur des hautes technologies -l’espace et le nucléaire pacifique. La France est le premier employeur étranger en Russie: 200.000 personnes travaillent pour les entreprises françaises. Aucune des 500 compagnies qui travaillaient sur le marché russe avant l’adoption des sanctions ne l’a quitté après 2014. Depuis deux ans, la France est le premier investisseur direct dans l’économie russe, ce qui est également un très bon indicateur».

Monsieur l’Ambassadeur reconnaît que les sanctions sont nuisibles, qu’elles retiennent les possibilités de financement des projets communs. «Mais il y a des idées des deux côtés pour régler ces questions dans des cas concrets», poursuit-il. «Dans chaque cas concret, c’est un moyen à part. C’est la possibilité de faire appel au financement extérieur, au co-financement. C’est à chaque fois un ensemble de mesures à part.»

En commentant l’éventuelle levée des sanctions, Alexeï Mechkov a répondu que la question ne se pose pas: «Avec nos partenaires européens, nous n’évoquons pas la levée des sanctions. Ce n’est pas nous qui les avons décrétées, ce n’est pas à nous de les lever. Mais la compréhension de l’absurdité des restrictions contre la Russie grandit aujourd’hui en Europe et notamment en France, où les deux chambres du Parlement ont déjà appelé à affaiblir les sanctions.»

«Nos partenaires économiques savent qu’il est bénéfique de coopérer avec la Russie, et ils cherchent non seulement à préserver, mais également à élargir la géographie et les mécanismes de coopération, a-t-il ajouté. L’un des moyens à disposition est la localisation de la production en Russie. Plusieurs dizaines de compagnies françaises ont installé leur production ou vente en Russie. Par exemple, plus personne ne s’étonne du fromage français fabriqué en Russie. Les compagnies françaises entrent dans les zones économiques spéciales russes, y deviennent résidentes et obtiennent des avantages, notamment fiscaux. Sachant qu’il est souvent question de coopération en matière de hautes technologies et d’innovations. De plus, la Russie est membre de l’Union économique eurasiatique, ce qui permet aux entreprises étrangères d’utiliser la Russie comme une plateforme pour élargir leur présence sur ce marché.»

La compréhension de l’inutilité et de la contre-productivité des sanctions grandit même au sein de l’establishment européen, indique l’ambassadeur.

«Le problème des médias français ne réside pas seulement dans le fait que, souvent, les informations sur la Russie sont présentées sous un angle critique, mais également dans le manque d’informations. C’est pourquoi moi-même et les diplomates de notre ambassade prononçons régulièrement des discours, rencontrons les étudiants, les journalistes, accordons des interviews. De plus, nous travaillons activement sur nos pages Facebook et Twitter, sachant que la plupart des abonnés sont français. Il existe aussi le «Dialogue du Trianon» mis en place par les Présidents des deux pays», explique le diplomate.

«Mais le plus important est d’offrir la possibilité de visiter la Russie. C’est pourquoi il faut travailler au développement des itinéraires touristiques intéressants et accessibles, notamment sur le plan financier. C’est très important pour les pays de l’UE», conclut Alexeï Mechkov.

DOSSIER : Sanctions anti-russes