Des ONG qui aident les migrants à Calais dénoncent dans un rapport transmis aujourd’hui au défenseur des droits des « violences policières excessives » et « l’intimidation » des CRS envers les bénévoles, des accusations « non démontrées » selon la préfecture du Pas-de-Calais.
« Au cours des huit derniers mois, les volontaires associatifs ont ainsi été victimes de 666 incidents de surveillance policière, contrôles d’identité répétés, arrestations et fouilles, ainsi que de violences physiques et verbales », affirment dans un communiqué Help Refugees, l’Auberge des migrants, Utopia 56 et Refugee Infobus.
Dans leur rapport fondé sur les témoignages de 33 bénévoles, les associations fustigent « la systématicité et la persistance du harcèlement des volontaires » qui « interrogent fortement sur le dévoiement de l’utilisation par les forces de l’ordre des moyens de coercition ». Si les associations dénoncent régulièrement des « violences policières » envers les migrants, officiellement entre 350 et 400 dans le Calaisis dans l’espoir de passer clandestinement en Grande-Bretagne, c’est la première fois qu’elles publient un document centré sur le harcèlement qu’elles disent subir.
« La simple observation des faits démontre que les associations sont tout à fait libres d’exercer leurs activités à destination de la population migrante sur Calais, dès lors que leur intervention s’inscrit dans le respect de l’ordre public et de la loi », a réagi auprès de l’AFP la préfecture du Pas-de-Calais, qui qualifie les accusations des associations « d’allégations non démontrées ». « Toute personne qui le souhaite peut comme c’est naturel dans un État de droit, saisir l’IGPN (inspection générale de la police nationale) ou le procureur de la République si elle estime être témoin ou victime d’un manquement », ajoute-t-elle. « Force est de constater, cependant, que les rares plaintes déposées ou les signalements auprès de l’IGPN n’ont conduit jusqu’à présent à aucune condamnation ou mise en accusation d’un policier pour des violences sur des membres d’associations, pas plus que sur des personnes migrantes ».
Face à « l’indifférence du parquet de Boulogne-sur-Mer », les associations annoncent avoir saisi le défenseur des droits pour qu’il « fasse avancer diplomatiquement les choses », a expliqué à l’AFP Eléonore Vigny, chargée du plaidoyer pour l’Auberge des migrants. « C’est une autorité indépendante qui va pouvoir demander des comptes à l’administration et enquêter », assure-t-elle, espérant, notamment, que les services du défenseur des droits organisent une visite sur place sur ce sujet.