Le Maroc a été accusé d’avoir ouvert les portes à l’immigration clandestine au moment de ses négociations sur la nouvelle mouture de l’accord de pêche UE-Maroc pour faire pression sur les européens.
C’est ce qu’ont rapporté certains médias, faisant ainsi écho aux accusations de même nature du Front Polisario à l’égard de Rabat.
Le Maroc est pointé du doigt sur la question de l’immigration clandestine. En effet, des voix se sont élevées pour accuser Rabat d’avoir fait du chantage aux migrants lors de ses dernières négociations avec l’Union européenne portant sur la nouvelle mouture de l’accord de pêche UE-Maroc.
«Que le Maroc nous fasse le chien de garde de n
os frontières aurait des conséquences néfastes. Ce serait une erreur commise par un pays démocratique comme le nôtre», a déclaré Ione Belarra, la députée du parti espagnol d’extrême gauche Podemos, citée par le site d’information marocain Yabiladi dans son édition du 7 août. La parlementaire a mis en garde le gouvernement de son pays contre le risque que le Maroc utilise la carte de la migration clandestine pour «faire chanter» l’Espagne sur d’autres dossiers, selon le même site d’information.
Le Maroc a été, au même titre, accusé par la fondation porCausa qui enquête sur les questions de migration. Cette dernière a accusé Rabat d’avoir volontairement assoupli ses contrôles aux frontières dans le but d’utiliser les migrants comme moyen de pression dans les négociations menées avec l’Union européenne sur l’accord de pêche, selon Euronews dans son édition du 8 août.
«Il est plus difficile d’en être absolument certain, mais plusieurs observateurs suggèrent que le Maroc, comme il l’a fait par le passé, l’utilise dans le cadre de ces négociations très sensibles», a déclaré Gonzalo Fanjul, un enquêteur de la fondation cité par le média. «Traditionnellement, les forces de sécurité de l’État marocain serrent ou desserrent les vis en fonction des circonstances. L’un des éléments qui nous font penser que c’est un facteur est que dans ces flux de migrants, il y a beaucoup de Marocains. Or ces gens ne viennent pas de Libye», a-t-il précisé.
De son côté, l’analyste politique au European Policy Centre (EPC), Frank McNamara a affirmé, selon Euronews, que «les migrants ont longtemps été utilisés comme levier dans les négociations entre certains États africains et leurs homologues européens». «Cela ne me surprendrait pas si un État assouplissait le contrôle de ses frontières, même si cela risque d’entraîner des noyades», a-t-il ajouté.
Évoquant le fait qu’il n’y a pas que le Maroc qui use de la carte de l’immigration clandestine dans ses négociations avec l’Union européenne, M.McNamara a souligné que «de toute évidence, [les Marocains] savent qu’il y a des accords à conclure avec l’UE en ce moment, tout comme le reste de l’Afrique», selon la même source.
Le Maroc a utilisé la carte de l’immigration clandestine pour forcer l’Europe à signer la nouvelle mouture de l’accord de pêche UE-Maroc. C’est ce qu’a affirmé, le 1er août, devant la presse, à Alger, Abdelkader Taleb Omar, ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en Algérie, selon l’Algérie Presse Service (APS).
«Le Maroc a ouvert les portes de l’immigration pour faire pression sur l’Europe, l’Espagne en particulier, en vue de les amener à signer l’accord de pêche», a déclaré le diplomate, précisant que cet accord était «nul et non avenu».