Sur les 7 000 languées autochtones parlées aujourd’hui dans le monde, la moitié sont en danger d’extinction et risquent de disparaître d’ici la fin du siècle.
Près du sommet du monde, dans le territoire peu peuplé du nord du Nunavut, les Inuits ont jusqu’à 50 mots différents pour désigner la neige. Partout, les langues, de la toundra artique aux atolls du Pacifique Sud, sont étroitement liées aux environnements dans lesquels elles sont parlées. Mais beaucoup se perdent à un rythme alarmant. Certaines langues disparaissent en un instant, à la mort du dernier survivant sachant la parler. D’autres se perdent peu à peu dans des cultures bilingues, englouties par une langue dominante utilisée à l’école, dans les commerces, l’administration et à la télévision.
La grande majorité des langues en danger sont des langues autochtones : une disparait toutes les deux semaines. Selon une étude, la plupart des langues des peuples autochtones courent un danger d’extinction à un taux supérieur à celui de plantes ou d’animaux. En réponse à ces menaces, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution proclamant 2019 l’Année internationale des langues autochtones.
Les raisons de ces dangers d’extinction sont nombreuses : les différentes politiques d’assimilation, les réinstallations et scolarisations forcées, et malheureusement encore les massacres des peuples tribaux. Le vol des terres signifie aussi que les communautés doivent migrer vers les villes à la recherche de travail et parler la langue nationale. La mondialisation et la montée en puissance d’un petit nombre de langues culturellement dominantes ont accentué la menace qui pèse sur les langues autochtones.
Mais lorsque les langues autochtones sont en danger, les peuples autochtones eux-mêmes sont également menacés. La langue d’un peuple fait partie de son identité. En perdant sa langue, il perd sa culture et son histoire. Les peuples indigènes et tribaux ont aussi des connaissances incroyables. Ils sont botanistes, zoologistes et guérisseurs. Leur connaissance du monde naturel est souvent très vaste.
Par exemple, si les Inuits ont tellement de mots pour la neige, c’est parce qu’ils sont de fins observateurs de leur environnement pour y vivre, chasser ou tout simplement marcher. Cette nuance et ces connaissances peuvent donc être utiles pour les scientifiques qui étudient la fonte des calottes glaciaires et le changement climatique. Car une langue qui meurt, c’est aussi une manière de voir le monde qui disparait.