Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a annoncé lundi son soutien à un projet de loi inédit dans le monde arabe pour rendre hommes et femmes égaux en matière d’héritage, un texte qui divise car il déroge à un principe inspiré du Coran.
La loi tunisienne actuelle, qui s’appuie sur le droit islamique, prévoit qu’en règle générale, un homme hérite le double d’une femme du même degré de parenté.
Le dépôt d’un projet de loi établissant l’égalité est une « avancée majeure, inédite » a salué la présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates, Yosra Frawes.
« Nous donnons de l’espoir à toutes les femmes dans le monde arabe », s’est réjoui de son côté Bochra Belhaj Hmida, la présidente de la Commission des libertés individuelles et de l’égalité (Colibe), mise en place par le président. La Colibe a fait de cette égalité une de ses propositions phares pour moderniser la société tunisienne.
Elle a espéré que « le Maroc prenne la suite ». Longtemps tabou, le débat sur l’héritage a également surgi dans ce pays ces derniers mois.
Quelques heures après l’annonce du président tunisien, deux mille personnes, selon la police, dont de nombreuses femmes, ont manifesté dans le centre de Tunis.
« Nous sommes redescendus dans la rue pour l’égalité », ont clamé les manifestants. De nombreuses femmes ont arboré ou se sont drapées dans le drapeau tunisien rouge et blanc, a constaté une journaliste de l’AFP.
Samedi, une manifestation hostile aux propositions de réforme sociétales de la Colibe avait rassemblé plus de 5.000 personnes à Tunis.