La situation du bateau humanitaire Aquarius, finalement accueilli mardi après midi par Malte après avoir recherché un port d’accueil depuis vendredi dernier, a fait polémique en France et a embarrassé les autorités.
Face au refus des autorités italiennes et maltaises d’ouvrir leurs ports à l’Aquarius, bloqué en méditerrané depuis quatre jours avec ses 141 migrants, le port français de Sète (Sud) et la Corse avaient proposé d’accueillir le navire.
« Comme l’Italie et Malte refusent d’accueillir l’Aquarius, j’ai proposé que le port de Sète soit candidat à cet accueil car, il s’agit de sauver des vies humaines », a de nouveau déclaré Jean-Claude Gayssot, président du port de Sète, mardi matin sur la radio Europe1.
La Corse est dans le même état d’esprit, selon le président de l’Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni . « Il y a une nécessité aujourd’hui, c’est de porter secours à ces navires. Je crois que l’Europe a failli dans cette affaire (…) il y a des situations d’urgence, il faut les traiter », a déclaré M. Talamoni mardi sur la chaîne de télévision BFMTV.
Mais l’accord des autorités françaises est indispensable, car aucun port ne peut accueillir un bateau sans l’aval des autorités, a reconnu M. Gayssot. Or, les autorités françaises semblent éluder cette option.
Dans un communiqué repris par la presse, l’Elysée indique « échanger avec ses partenaires pour trouver une solution dans le respect des principes humanitaires », sachant que « le navire doit accoster dans le port le plus proche de sa position actuelle ».
En plus d’embarrasser les autorités, les propositions de la Corse et du port de Sète ont de nouveau divisé la classe politique. Car si la gauche soutient par principe cette initiative, la droite continue de s’opposer à tout accueil de bateaux de migrants en France.
« La France retrouverait une voix forte et claire en accueillant ce bateau comme l’Espagne l’avait fait en juin dernier », a déclaré mardi sur BFMTV le porte-parole du Parti communiste français (PCF) Olivier Dartigolles, tout en dénonçant l’inaction de l’Elysée qui, selon lui, se cache derrière le droit maritime.
Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national (RN), pense le contraire et s’en prend au président du port de Sète. « Ce n’est pas au communiste Jean Claude Gayssot de décider de notre politique migratoire en accueillant l’Aquarius », a-t-elle écrit sur Twitter.
Les Républicains (LR) sont également en faveur de la fermeté à l’endroit des bateaux humanitaires. Leur porte-parole Gilles Platret a indiqué mardi sur Fraceinfo qu’accueillir l’Aquarius « sous le coup de l’émotion ne ferait que le jeu des passeurs et encouragerait l’immigration. (…) Ce n’est pas à la France de régler seule le problème mais à l’Europe ».
La France a accueilli 78 des 630 migrants qui avaient débarqué en Espagne en Juin dernier à bord de l’Aquarius. Selon un sondage de l’institut IFOP réalisé en juin dernier, 67% des français sont opposés à l’accueil de bateaux humanitaires en France.
Les autorités françaises sont prise dans une contradiction sur l’immigration a indiqué mardi soir le directeur du département opinion et stratégie de l’IFOP, Jérôme Fouquet, invité de l’émission « C dans l’air » de France 5.
Il distingue ainsi le candidat Macron, humaniste et qui félicite Angela Merkel d’avoir ouvert ses frontières aux réfugiés syriens, du président Emmanuel Macron, qui prend en compte l’état de la société française et de l’opinion publique majoritairement hostile à un nouvel accueil de migrants.
Malte a finalement accepté mardi d’accueillir le navire. Ses passagers vont être répartis entre la France, l’Allemagne, le Luxembourg, le Portugal et l’Espagne. Dans un communiqué publié hier, l’Elysée informe que c’est à l’initiative de Malte et de la France, que « plusieurs Etats membres de l’Union européenne – l’Espagne, le Portugal, l’Allemagne et le Luxembourg – se sont mis d’accord pour permettre le débarquement rapide et sûr des personnes secourues en mer par l’Aquarius ».
Concernant la répartition des personnes secourues, le communiqué explique que « la solution a été trouvée sur une base ad hoc et volontaire, dans un esprit de responsabilité et de solidarité, selon l’approche européenne coopérative que nous avons prônée de façon constante « . La France accueillera 60 des 141 migrants secourus.