L’opposition conservatrice canadienne se déchire à un an des élections législatives fédérales

L’ex-ministre des Affaires étrangères du Canada Maxime Bernier a claqué la porte jeudi du parti conservateur, qui forme l’opposition officielle au gouvernement de Justin Trudeau, et annoncé la création de sa propre formation politique, à un an des élections législatives fédérales.

Alors même que débutait à Halifax, le congrès annuel des conservateurs, M. Bernier a créé la surprise en convoquant une conférence de presse à Ottawa durant laquelle il a tenu un long discours sur ses divergences avec son ancien parti, dont il avait en vain brigué la présidence en 2017 face à Andrew Scheer. Il a notamment jugé que « ce parti est trop corrompu, intellectuellement et moralement, pour être réformé ». Au cours des dernières semaines, ce Québécois de 55 ans avait eu maille à partir avec la direction du parti conservateur pour plusieurs déclarations jugées incendiaires sur l’immigration ou le commerce. En particulier, il avait accusé le « multiculturalisme extrême et le culte de la diversité de (Justin) Trudeau » d’affaiblir le Canada, voire de le détruire.

« La balkanisation culturelle amène la méfiance, les conflits sociaux et potentiellement la violence comme on le voit partout », a-t-il déclaré le 12 août en appelant à « renverser cette tendance avant que la situation n’empire ». Ultra-libéral convaincu, il avait également été rappelé à l’ordre par sa formation politique pour avoir souhaité la fin du régime douanier protectionniste dit de « gestion de l’offre » qui protège le secteur laitier canadien et que le président américain Donald Trump a dénoncé à de multiples reprises. « La gestion de l’offre est devenue l’un des principaux obstacles à un accord avec les Etats-Unis sur l’Aléna », accord de libre-échange que renégocient depuis un an Mexico, Ottawa et Washington, a répété jeudi M. Bernier. Au terme de son discours, il a appelé d’autres conservateurs à le rejoindre dans son regroupement politique intitulé « Club Mad Max ». Le chef des conservateurs Andrew Scheer a immédiatement réagi en accusant M. Bernier de « suivre son ambition personnelle » quitte à « aider Justin Trudeau » et les Libéraux qui briguent un second mandat aux législatives d’octobre 2019. Climato-sceptique, M. Bernier a été ministre des Affaires étrangères en 2007-2008 avant de démissionner pour avoir oublié des documents confidentiels de l’Otan chez une petite amie proche du groupe de motards Hell’s Angels.