Pour les élections européennes de 2019, les Français voteront de nouveau dans une circonscription nationale unique. Or, dans un contexte de non-cumul des mandats et fonctions exécutives, trouver une tête de liste tourne au casse-tête.
Plusieurs chefs des principaux partis politiques ne comptent en effet pas être candidats, puisqu’ils exercent un mandat ou une fonction incompatible avec celui de représentant au Parlement européen : Marine Le Pen (RN), Jean-Luc Mélenchon (LFI), Nicolas Dupont-Aignan (DLF) ou Olivier Faure (PS) sont députés, Pierre Laurent (PCF) est sénateur et Laurent Wauquiez (LR) président de conseil régional. Dès lors, ils sont confrontés à une double difficulté. La première, c’est de trouver une personnalité d’envergure nationale. La seconde, c’est de ne pas risquer de mettre en selle un concurrent en interne.
Beaucoup d’hypothèses, peu de certitudes
Le plus avancé dans la constitution d’une liste est La France insoumise (LFI). Manuel Bompard et Charlotte Girard, respectivement coordinateur et responsable du programme, figurent en tête de la future liste, sur laquelle treize places restent vacantes pour des représentants de la société civile ou le ralliement d’autres personnalités de gauche antilibérale.
Pour les autres formations, il ne s’agit que d’hypothèses. Chez Les Républicains, alors que Valérie Pécresse a exhorté vendredi 24 août son parti à « ne pas laisser le monopole de l’engagement européen à La République en marche », les noms qui circulent ont comme point commun d’être des défenseurs de l’Union européenne : Jean Leonetti, Damien Abad ou Michel Barnier, l’actuel négociateur du Brexit.
Au PS, le sujet de la tête de liste est douloureux. Refus des anciennes ministres Christiane Taubira et Najat Vallaud-Belkacem, ainsi que du Belge Paul Magnette. Hostilité interne aux noms de Pierre Moscovici, jugé trop social-libéral, ou d’Emmanuel Maurel, positionné trop à gauche. Offres de service de Christian Eckert et de Julien Dray. Hypothèse Bernard Cazeneuve.
Pas de candidat Le Pen, ni de « marque » FN pour le Rassemblement national
La recherche du candidat providentiel est un casse-tête pour le premier secrétaire Olivier Faure, qui a une excuse : « Les Français se moquent aujourd’hui de savoir qui seront les têtes de liste des grandes formations politiques et la majorité d’entre elles n’en ont d’ailleurs pas. » Mi-septembre, le bureau national du PS présentera un projet qui sera soumis au vote des militants jusqu’au 13 octobre.
Pour le Rassemblement national, la difficulté consiste à pallier l’absence inédite des deux marques sous laquelle l’extrême droite a émergé électoralement : « Front national » et « Le Pen ». Par défaut, deux dirigeants pourraient s’imposer : Louis Aliot, qui devrait alors quitter l’Assemblée nationale, et Nicolas Bay. Actuel chef de la délégation au Parlement européen, cet ancien mégrétiste ne fait toutefois pas l’unanimité en interne. Une autre solution consisterait à désigner une tête de liste d’ouverture, par exemple l’économiste Hervé Juvin, voire l’ancien ministre LR Thierry Mariani, militant d’union entre la droite et l’extrême droite.
Même casse-tête pour Debout la France, inséparable de son fondateur, Nicolas Dupont-Aignan. Celui-ci a lancé une démarche plus large, Les Amoureux de la France, avec Jean-Frédéric Poisson (président du Parti chrétien-démocrate) et Bruno North (président du Centre national des indépendants et paysans, le CNIP), mais il pourrait finalement décider de ne pas laisser sa place.
Liste d’union ou partir seul ?
La problématique est bien entendu plus simple pour les formations dont le chef n’exerce pas un mandat ou une fonction incompatible avec celui de représentant au Parlement européen, comme Benoît Hamon (Génération-s) ou François Asselineau (Union populaire républicaine), Idem bien entendu pour celles dont le chef est parlementaire européen sortant. C’est le cas de Florian Philippot (Les Patriotes) et de Yannick Jadot (Europe Écologie-Les Verts).
Toutes ces structures sont toutefois confrontées à un choix déterminant : partir seuls ou participer à une liste d’union, avec forcément une seule et unique tête de liste. Le Frexit rapproche ainsi Les Patriotes et l’UPR, l’antilibéralisme et l’écologie Génération-s et EELV. Lors de la présidentielle de 2017, Yannick Jadot avait d’ailleurs finalement retiré sa candidature pour soutenir celle de Benoît Hamon.