Activiste bouddhiste: Le Myanmar d’Aung San Suu Kyi, similaire à l’Allemagne nazie

Les crimes ciblant la minorité musulmane Rohingya au Myanmar sous la direction d’Aung San Suu Kyi sont similaires à ceux perpétrés en Allemagne sous le régime nazi, a déclaré un éminent activiste bouddhiste des droits de l’homme.

Dans une interview accordée à Anadolu depuis la ville de Kent, en Angleterre, Maung Zarni, coordinateur de la Coalition Free Rohingya, a appelé à cet égard la communauté internationale à prendre des mesures contre les dirigeants du Myanmar.

Des déclarations qui interviennent dans le sillage de la publication du rapport de la mission d’enquête indépendante des Nations Unies au Myanmar, qui a fait état, plus tôt dans la semaine, de « viols collectifs et de meurtres» ayant ciblé même les nourrissons et les jeunes enfants, ainsi que la répression brutale menée par les forces de sécurité du Myanmar.

Les enquêteurs de l’ONU ont indiqué, que de telles violations peuvent constituer des « crimes contre l’humanité ».

«Nous faisons dace à une situation où un Etat membre des Nations Unies, dirigé par la lauréate du prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi, et ses partenaires au pouvoir, les généraux birmans… est comparé par les plus hautes instances de défense des droits de l’homme au monde, à l’Allemagne nazie », a déclaré Zarni.

« Les Nazis ont perpétré un génocide. Un génocide a été commis au Rwanda, au Cambodge et contre les Musulmans de Bosnie».

Zarni a souligné que lorsqu’on est face à un cas qualifié de «génocidaires», la responsabilité de traiter la question incombe à tous les États membres des Nations Unies.

« La plus haute obligation politique et morale incombe au Conseil de sécurité de l’ONU », a-t-il ajouté.

La création d’une cour criminelle internationale comme cela a été fait pour le Rwanda ou la Bosnie ne serait pas suffisante, a noté l’activiste.

La minorité rohingya a besoin «d’une région protégée où ils peuvent vivre décemment en sécurité et en tant qu’êtres humains».

La Mission d’enquête internationale indépendante des Nations Unies sur le Myanmar a appelé à déférer les hauts responsables militaires du Myanmar, y compris le général en chef Min Aung Hlaing, devant la Cour pénale internationale pour génocide contre les Rohingyas.

«Je m’attendrais, dans un monde idéal… à ce que le Conseil de sécurité des Nations Unies autorise une forme d’intervention pour que les atrocités puissent être stoppées et que les Rohingyas puissent récupérer leurs terres et vivre dans la dignité et la sécurité», a déclaré Zarni.

-Sanctions

L’activiste a déclaré que les Rohingyas vivant en dehors du Myanmar sont actuellement plus nombreux que ceux qui sont restés dans le pays après des décennies de violence, en particulier après l’attaque à grande échelle lancée contre eux en août dernier.

La communauté internationale devrait imposer des sanctions au gouvernement et à l’armée du Myanmar, a-t-il affirmé, soulignant que la politique d’exclusion à l’égard des Rohingyas doit prendre fin.

Les musulmans rohingyas font l’objet d’un nettoyage ethnique, et le but ultime de la prise de sanctions contre le Myanmar devrait être de «changer radicalement la politique de l’État birman et de changer les structures mobilisées par les militaires et les leaders d’opinion afin de réprimer, persécuter, et d’anéantir cette population », a ajouté Zarni.

L’objectif ultime des sanctions devrait être de fournir une «protection internationale» aux Rohingyas et de créer «une région autonome où l’armée birmane ne serait pas autorisée à poursuivre les atrocités», a-t-il déclaré.

– Solution

Zarni a indiqué que le Myanmar repose sur quatre principaux piliers: l’armée, l’ordre bouddhiste, les partis politiques et le public.

«Ces quatre grandes institutions ont catégoriquement rejeté les Rohingyas. Ils leurs disent qu’ils n’appartiennent pas à la Birmanie, et qu’ils sont indésirables dans le pays».

Selon le militant des droits de l’homme, la solution au problème n’est donc pas à trouver dans le pays, mais devrait être formulée au niveau international et au sein des institutions des Nations Unies.

– Appel à l’assistance de la Turquie

Le président turc Recep Tayyip Erdogan et le gouvernement de la Turquie se sont illustrés par leur soutien au peuple Rohingya, a déclaré Maung Zarni

« C’est le moment pour la Turquie de faire preuve de leadership moral et politique sur la question », a-t-il ajouté.

Le Conseil de sécurité des Nations Unies est «paralysé» car il ne peut résoudre les problèmes, a relevé Zarni, soulignant que la Turquie pourrait vraiment apporter une aide en «formant une coalition de gouvernements musulmans et non-musulmans qui conviennent qu’il s’agit d’un génocide, auquel on ne peut donc assister en spectateur».

Il a déclaré que plus de 500 mille Rohingyas sont encore bloqués au Myanmar, soulignant qu’ils peuvent être expulsés à tout moment.

« C’est donc le moment d’agir et de former une coalition », a affirmé l’activiste.

“Mon appel ne s’adresse pas au peuple birman. J’appelle le monde islamique et les communautés non islamiques à aider les Rohingyas », a-t-il martelé.

Et de conclure : «Parce qu’il ne s’agit pas seulement de musulmans. Ce sont des êtres humains. Mais dans mon pays, nous, Birmans, les traitons comme s’ils étaient moins que des animaux ».

Le 25 août 2017, le Myanmar a lancé une vaste opération militaire contre la minorité ethnique musulmane, faisant près de 24 mille morts dans les rangs des civils. Quelque 750 mille personnes, dont des femmes et des enfants, ont été contraints de fuir au Bangladesh, selon les données de l’Organisation des Nations Unies (ONU),

Les Rohingyas sont considérés par l’ONU comme étant la communauté la plus persécutées au monde.

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