Au moins deux manifestants ont été blessés par balles dimanche à Managua lors d’une marche de plusieurs milliers d’opposants au président nicaraguayen Daniel Ortega, selon un témoin et un photographe de l’AFP.
L’une des victimes a été touchée au bras par des coups de feu tirés par des hommes armés circulant à bord de trois camionnettes, alors que la manifestation touchait à sa fin, dans l’est de la capitale nicaraguayenne, a constaté un photographe de l’AFP.
Un autre manifestant a été blessé dans un autre secteur du cortège, provoquant la colère des oppposants, qui ont détruit un véhicule de la police, selon une femme qui a témoigné auprès des journalistes en cachant son visage.
« Des hommes armés brandissant des drapeaux rouge et noir (du parti sandiniste du président Ortega) ont tiré en l’air depuis une camionnette », selon ce témoignage.
Des dizaines de policiers anti-émeutes et des groupes de partisans du président Ortega se sont ensuite déployés dans le secteur tandis que les manifestants se réfugiaient dans un centre commercial.
Dimanche en début d’après-midi, les autorités nicaraguayennes n’avaient pas communiqué sur ces incidents, survenus au lendemain de l’expulsion de la mission dans le pays du Haut commissariat aux droits de l’homme, très critique sur les « violations des droits de l’homme » dans la répression des manifestations d’opposants.
Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, dans un rapport publié mercredi à Genève, a dénoncé « l’usage disproportionné de la force, qui se traduit parfois par des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées, des détentions arbitraires généralisées, la torture et les mauvais traitements ».
Selon le Haut-Commissariat, entre le 18 avril, date du début des manifestations contre le gouvernement Ortega, et le 18 août, au moins 300 personnes ont été accusées « de terrorisme et de crime organisé » après avoir participé à des manifestations.
Daniel Ortega a réfuté ce rapport, qualifiant le Haut-Commissariat d' »instrument de politiques de terreur, de mensonge et d’infamie ».
Les manifestations de l’opposition au Nicaragua, le pays le plus pauvre d’Amérique centrale, ont commencé en avril contre une réforme de la sécurité sociale – abandonnée depuis – pour se durcir ensuite et s’étendre à tout le pays en réaction à la répression.
Depuis, des milliers de Nicaraguayens ont fui leur pays pour se réfugier notamment au Costa Rica voisin, de peur d’être interpellés.
Les opposants à Daniel Ortega l’accusent de corruption, de népotisme et d’avoir instauré une dictature avec son épouse Rosario Murillo, qui est vice-présidente. Ils demandent que l’élection présidentielle prévue pour 2021 soit avancée au mois de mars 2019, ce que refuse M. Ortega.