Le chef de l’Etat français a reçu vendredi la chancelière allemande à Marseille, ville du sud de la France symbole du mélange des cultures, alors que les questions migratoires sont d’ores et déjà au cœur de la campagne qui se profile en vue des élections européennes de mai 2019.
« C’est à Marseille que nous nous rencontrons aujourd’hui avec la chancelière Angela Merkel. C’est à Marseille que nous échangeons pour parler d’Europe, pour faire de la Méditerranée une chance et non une crainte », a déclaré le président français, vendredi après-midi, en accueillant la chancelière allemande sur la parvis du Palais du Pharo.
« La ville de Marseille a été choisie pour cette rencontre bilatérale avec Angela Merkel car c’est une ville cosmopolite. Son histoire s’est forgée à travers les migrations. Elle constitue donc un symbole important, alors que les discussions avec la chancelière vont notamment porter sur les sujets migratoires », avait souligné l’Elysée la veille.
Le président français, qui a toujours affirmé une posture pro-européenne, avait tracé en septembre dernier à la Sorbonne, dans son discours sur la refondation d’une Union européenne plus intégrée et plus solidaire, les grandes lignes de son projet européen.
Mais, alors que le président Macron tablait sur le couple franco-allemand pour relancer l’UE, les difficultés s’accumulent pour la chancelière allemande dont la politique migratoire est de plus en plus contestée depuis l’entrée en force de l’extrême droite allemande à la chambre des députés il y a un an.
Jeudi, le ministre de l’Intérieur d’Angela Merkel, Horst Seehofer, n’a pas hésité à déclarer que « la question migratoire est la mère de tous les problèmes » en Allemagne, ajoutant qu’il comprenait les manifestations anti-migrants à Chemnitz (Saxe) qui ont donné lieu à des échauffourées et provoquent de larges controverses dans le pays.
A neuf mois des élections européennes, la question des migrations cristallise les tensions non seulement en Allemagne mais aussi dans un grand nombre de pays de l’Union européenne. Dans ce contexte, Emmanuel Macron entend mener une « diplomatie offensive » en se posant comme le chef de file des « progressistes » face au ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini et au Premier ministre hongrois Viktor Orban, tenants d’une ligne dure.
Dans ce but, le président français, dont la popularité s’érode dans l’Hexagone, a multiplié les déplacements, en Espagne et au Portugal fin juillet, au Danemark et en Finlande fin août. En sept semaines il a rencontré pas moins de 7 dirigeants européens et mené des « consultations européennes ».
Jeudi, au Luxembourg, de concert avec les Premiers ministres Charles Michel (Belgique), Mark Rutte (Pays-Bas) et Xavier Bettel (Luxembourg), il a réitéré sa volonté de défendre une solution « progressiste et efficace » lors du sommet européen de Salzbourg (Autriche) consacré à la question migratoire le 20 septembre prochain.
Emmanuel Macron ne cache pas son désir de faire émerger un nouveau mouvement politique progressiste en Europe d’ici à la fin de l’année et, comme en France, recomposer le paysage politique. Mais la partie est loin d’être gagnée. Le président français semble espérer une scission du Parti populaire européen (PPE), principal parti du Parlement européen, qui regroupe des partis conservateurs allant des chrétiens-démocrates d’Angela Merkel au parti nationaliste de Viktor Orbán, le Fidesz.
Jeudi, Emmanuel Macron a estimé que les décisions de la chancelière allemande la plaçaient « totalement du côté des progressistes » mais qu’il appartenait au Parti populaire européen (PPE) de « clarifier ses positions ». On ne saurait se dire « à la fois aux côtés d’Angela Merkel et aux côtés de Viktor Orban », a-t-il estimé.
Le Premier ministre hongrois Victor Orban est attendu mardi prochain au Parlement européen à Strasbourg à l’occasion d’un débat sur les accusations de violation de l’Etat de droit dans son pays.