L’Association des interprètes afghans de l’armée française a réuni dimanche environ 25 personnes près du ministère des Armées, à Paris, pour réclamer le réexamen des demandes de visa de dizaines de ses membres, promesse formulée en début d’année mais restée lettre morte, d’après sa vice-présidente.
« On nous fait des promesses depuis huit mois, mais rien ne vient. On est dans un blocage complet du dossier pour l’exécution des décisions de justice annulant les refus de visas », a déclaré à l’AFP cette dernière, l’ancienne avocate Caroline Decroix.
Dans un « mémoire en défense » du 1er février adressé au Conseil d’État, le gouvernement a promis de procéder « dans les semaines (à venir) à un réexamen à titre humanitaire des dossiers de demande de relocalisation » de dizaines d’Afghans ayant notamment servi d’interprètes pour les forces françaises. Certains se disent menacés de mort par les insurgés talibans, qui les accusent de « trahison ».
Munis d’affichettes, les manifestants se tenaient alignés dans le calme place Jacques Bainville (VIIe arrondissement), proche de l’hôtel de Brienne, qui abrite les bureaux de la ministre des Armées Florence Parly. « Ce rassemblement vise à maintenir une forme de pression, leur rappeler qu’on existe », a expliqué la vice-présidente de l’association.
« Le gouvernement nous a annoncé l’envoi d’une mission à Islamabad en octobre (l’ambassade de France à Kaboul n’est plus en mesure de recevoir du public et de faire fonctionner sa section consulaire, ndlr), mais concrètement, rien n’est clair », a-t-elle déploré.
173 anciens auxiliaires afghans ont obtenu des visas pour la France, en deux vagues, en 2013 et 2015. Mais sur 252 demandes en 2015, 152 ont essuyé un refus, dont une trentaine ont saisi le tribunal administratif de Nantes (ouest) et ont été déboutés. Neuf de ces déboutés se sont tournés vers le Conseil d’État, qui a enjoint aux autorités de réexaminer six dossiers.