C’est un défi lancé au Parlement européen. C’est en retard que le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, est arrivé dans l’hémicycle lors du débat sur le respect des valeurs européennes dans son pays.
Le texte qui sera soumis au vote ce mercredi propose le déclenchement de l’article 7 du traité sur l’Union européenne pour risque de violation de l’Etat de droit. Cette arme politique peut entraîner une suspension du droit de vote d’un Etat membre. Mais le dirigeant hongrois conteste les accusations. « Vous pensez mieux savoir ce que les Hongrois veulent et je dois dire que ce texte ne respecte pas les Hongrois », assure le dirigeant ultraconservateur. Viktor Orban évoque même un abus de pouvoir et un non-respect des traités.
Le débat a une nouvelle fois réaffirmé les oppositions profondes au sein de l’hémicycle. Le dirigeant des sociaux-démocrates, Udo Bullmann, juge que Viktor Orban est « à la tête du gouvernement le plus corrompu au sein de l’Union européenne ». Le Parlementaire conservateur polonais Rysward Antoni Legutko répond que Budapest a toute la légitimité démocratique d’agir car « des personnes ont élu ce gouvernement, ce n’était pas Blanche Neige et les sept nains ».
Pour les partisans d’une sanction contre Budapest il s’agit tout simplement de la survie de l’Union européenne. Ce débat révèle toujours plus l’opposition entre populistes et libéraux, une ligne de fracture qui pourrait bien se répéter lors des élections européennes de 2019. Le libéral belge Guy Verhofstadt insiste d’ailleurs sur la portée des mesures contre la Hongrie. « Ces sanctions doivent viser en particulier le gouvernement hongrois. La corruption et les problèmes relèvent du gouvernement hongrois, pas du peuple hongrois », précise-t-il.
L’article 7 n’a été déclenché qu’une seule fois jusqu’à maintenant, contre la Pologne en décembre 2017. Toutefois son adoption par le Parlement reste complexe puisqu’il faut une majorité des deux tiers des suffrages exprimés. Or cet objectif semble difficile à atteindre. La gauche radicale européenne, les sociaux-démocrates et les libéraux soutiennent le lancement d’une procédure contre Budapest. Le Parti populaire européen, première force politique de l’institution, est en revanche très divisé.