L’aspect de l’Amérique s’est détérioré en France, où l’on rejette de plus en plus le locataire de la Maison Blanche.
Le regard porté par les Français sur l’ami américain s’est teinté de méfiance. Selon les résultats d’un sondage Ifop pour AJC Europe et la Fondation pour l’innovation politique sur l’image des États-Unis, ils ne sont plus que 44 % à estimer que les États-Unis sont un «allié sûr». «Cela fait moins d’un Français sur deux. Un gouffre s’est creusé entre l’ère Obama, pendant laquelle 77 % des Français classaient l’Amérique comme sûre, et l’ère Trump», remarque Jean-Philippe Dubrulle, chef de groupe à l’Ifop.
«Il y a clairement un avant et un après-Trump dans l’image des États-Unis», souligne encore l’analyste. Les Français ne sont en effet que 17 % à avoir une bonne opinion du président américain. «Si l’on précise, 54 %, soit la majorité, disent avoir une très mauvaise opinion. C’est massif, et cela se retrouve dans toutes les catégories de populations, même si c’est plus modéré dans les rangs des électeurs du Rassemblement national (42 % ont une bonne opinion).» Sans surprise, ce rejet se retrouve dans le jugement porté sur la politique menée par les États-Unis en général: 80 % des personnes interrogées n’approuvent pas.
En entrant dans les détails, cette défiance ne s’exprime pas sur tous les sujets. L’Amérique reste un «ami» dans le domaine de la sécurité comme pour combattre le terrorisme (74 %) ou au moins un partenaire face à la Russie, la Chine (51 %). Mais sur le terrain économique, elle est vue comme un adversaire (78 % et 81 %) pour le développement des économies française et européenne. «Cela montre que les Français ont parfaitement compris le sens du slogan de Trump “Make America great again”», insiste Jean-Philippe Dubrulle.
Preuve que Donald Trump lui-même suscite ce revirement, les Français estiment massivement (82 %) qu’il faut préserver la relation franco-américaine pour l’avenir, et tout aussi largement (75 %) que le président n’est pas à l’image des citoyens américains.
À l’opposé de ce désamour, l’Allemagne connaît un véritable plébiscite. Elle est jugée comme un allié «sûr» à 89 %, un score qui ne cesse de grimper depuis 1994 (65 %) et reste stable dans toutes les catégories d’âge ou de sensibilité politique, loin devant le Royaume-Uni (61 %). Pour le spécialiste d’Ifop, «la rengaine du couple franco-allemand a imprimé en profondeur». La Russie est l’allié le moins bien noté (22 %).
Dans le second volet de l’enquête, sur la montée des populismes, les Français estiment que la démocratie est fragilisée partout, des États-Unis (64 %) à la France (52 %) et même à l’Allemagne (38 %). Une situation dont ils rendent responsables d’abord les gouvernements nationaux (47 %), devant l’UE (33 %) ou les médias (20 %). L’immigration (32 %) et la dégradation des conditions de vie sont les problèmes cités en premier pour expliquer ce phénomène.