Des sources du Wall Street Journal affirment que le président syrien Bachar al-Assad aurait «approuvé l’utilisation de chlore dans le cadre de l’offensive contre le dernier grand rempart des insurgés dans le pays», la province d’Idleb, ce qui pourrait «provoquer une riposte américaine» selon le quotidien.
«Le Pentagone étudie différents scénarios militaires, mais M. Trump n’a pas encore décidé ce qui serait considéré comme un prétexte suffisant à une riposte militaire, et si les États-Unis pourraient cibler les forces russes et iraniennes qui aident M. al-Assad en Syrie», écrit le Wall Street Journal, citant des fonctionnaires américains anonymes, écrit le quotidien Gazeta.ru.
Les responsables contactés par le quotidien n’ont pas pu confirmer que les USA pourraient lancer des frappes aériennes contre la Syrie si l’armée de ce pays faisait usage de substances toxiques. Selon le journal, Washington pourrait choisir de recourir à des sanctions économiques ciblées contre les responsables syriens au lieu de lancer des frappes.
«Nous n’avons pas affirmé que les États-Unis utiliseraient nécessairement la force militaire en réponse à une attaque éventuelle. Nous possédons également des outils politiques et économiques. Il existe plusieurs options de riposte si Bachar al-Assad faisait ce pas dangereux et imprudent», indique une source haut placée du quotidien à la Maison blanche.
Le Ministère russe de la Défense a déjà prévenu que certaines forces préparaient en Syrie une provocation chimique appelée à servir de prétexte à des frappes américaines, britanniques et françaises contre des sites du pouvoir syrien.
Ces trois pays ont déjà ciblé des sites gouvernementaux syriens, prétendument en réponse à des attaques chimiques. Selon les dernières informations, l’Allemagne pourrait rejoindre ce groupe. «Le ministère allemand de la Défense examine cette demande de Washington», dévoile le quotidien allemand Bild se référant à ses propres sources.La ministre allemande de la Défense Ursula von der Leyen souligne que Berlin ne se décidera qu’en cas d’utilisation d’armes chimiques contre les civils par les forces du président Bachar al-Assad.
«Nous constatons ici la stratégie classique de Donald Trump, qu’il met en œuvre de manière cohérente depuis son parcours très efficace dans le monde des affaires: le président américain joue la surenchère pour faire ensuite certaines concessions, mais obtient dans tous les cas un accord selon ses propres conditions, et certains avantages», explique Sergueï Oznobichtchev, directeur de l’Institut d’études stratégiques et d’analyse.
Selon lui, même si Donald Trump met en œuvre cette stratégie dans le monde entier, il vaut mieux s’en abstenir dans le cas de la Russie car ce seraient «des efforts vains».
D’après l’expert, la Russie est une puissance de niveau mondial qui tente de confirmer régulièrement ce statut par ses actions sur l’arène internationale, notamment en Syrie, ce qui implique l’opposition aux États-Unis et à l’Occident sur un certain nombre de questions.
«Malgré le fait que la presse a diffusé les propos de Donald Trump sur des frappes éventuelles contre les forces russes, il n’y a aucun tweet original du président américain sur ce thème. Il n’y a rien à l’exception d’une référence à des personnes anonymes. Qui plus est, cela pourrait même être une certaine interprétation des propos de Donald Trump. On ne sait pas comment il l’a dit, ni dans quelles circonstances. Peut-être est-il tout simplement passé près des journalistes à l’entrée d’un bâtiment. On lui aurait demandé: «Êtes-vous prêt à frapper les Russes?» «Évidemment», aurait-il répondu avant de reprendre son chemin. Ce scénario est tout à fait plausible», estime Sergueï Oznobichtchev.
Selon lui, Donald Trump, en tant que politicien sérieux, ne souhaite pas une telle évolution de la situation: «La Russie et les États-Unis mènent une sorte de match certainement dangereux, mais arrangé. Il existe parfois des accidents voire des blessures sérieuses, mais ce match reste arrangé. Les deux parties échangent des informations sur leurs actions».
D’après l’expert, Donald Trump pourrait certainement lancer des frappes contre la Syrie sans prévenir la Russie. Cette opération pourrait l’aider à renforcer ses positions à l’intérieur des États-Unis. En tant que leader de l’Amérique qui doit, selon lui, retrouver sa grandeur, Donald Trump ne peut tout simplement pas quitter la Syrie.
Tout le monde veut terminer la saga syrienne en sauvant la face. Cela concerne Washington, qui doit nécessairement annoncer que tous ses objectifs ont été remplis, mais aussi Moscou et Ankara, souligne Sergueï Oznobichtchev.
«La Russie ne peut pas accepter ne serait-ce que la possibilité d’une dégradation future de ses relations avec les États-Unis. C’est trop dangereux. A mon avis, les politiciens et les militaires américains le comprennent parfaitement eux aussi. Leur image de grandes puissances mondiales pèse dans tous les cas sur les USA et sur la Russie», explique-t-il.
Mais si Donald Trump décidait de cibler les forces russes en Syrie, cela se solderait inévitablement par une riposte de Moscou — comme l’a annoncé dès le 13 mars dernier le général Valéri Guérassimov, chef de l’état-major général de l’armée russe.
Ce dernier avait indiqué à l’époque que le ministère russe de la Défense était prêt à riposter à une frappe américaine contre la Syrie si la vie des militaires russes était menacée. «Cette réponse pourrait viser les missiles, ainsi que leurs porteurs», avait précisé Valéri Guérassimov.Ainsi, même une provocation d’envergure limitée pourrait se solder par des échanges de frappes et une escalade du conflit.
Et comme les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne feront face à la Russie, il n’est pas exclu qu’un incident peu important puisse provoquer une guerre mondiale.