Syrie : les groupes insurgés d’Idleb appelés à quitter les zones peuplées

Vendredi dernier, l’émissaire de l’ONU pour la Syrie Staffan de Mistura avait déjà plaidé devant le Conseil de sécurité pour imposer un « ultimatum » aux combattants afin qu’ils quittent les zones peuplées.

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L’ONU, qui craint « la pire catastrophe humanitaire » du siècle, a appelé mardi les parties belligérantes à éviter « un bain de sang » dans cette province du nord-ouest du pays.

« La plupart de ces groupes terroristes et autres groupes armés se trouvent dans les villes. Peut-être que le meilleur scénario serait qu’ils quittent les villes », a exhorté Paolo Pinheiro, le président de la Commission d’enquête indépendante et internationale (COI) sur la Syrie, lors de conférence de presse à Genève.

La population de la province d’Idleb et des zones adjacentes sous contrôle des insurgés a quasiment doublé au cours des dernières années, atteignant près de trois millions de personnes, avec l’afflux de dizaines de milliers de rebelles et de leurs familles en provenance d’autres régions reprises par le régime.

Plus de la moitié de la province est contrôlée par le groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS), l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda. Des factions rebelles tiennent une grande partie du reste du territoire.

« Tous les autres désastres risquent de paraître mineurs comparé à ce qui pourrait se produire à Idleb », a encore averti M. Pinheiro.

« Cauchemar humanitaire »

La perspective d’une solution négociée dans la province d’Idleb s’est assombrie avec l’échec d’un sommet tripartite à Téhéran ayant réuni vendredi les présidents turc, russe et iranien.

Une offensive du régime à Idleb « déclencherait un cauchemar humanitaire sans précédent dans le conflit syrien déjà meurtrier », a averti mardi le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres lors d’une session du Conseil de sécurité de l’ONU, principalement consacrée à la situation à Idleb.

Depuis plusieurs semaines, Idleb est la cible de bombardements intermittents qui ont cependant faibli en intensité depuis mardi.

Selon l’ONU, depuis début septembre, plus de 30.000 personnes ont déjà fui les zones ciblées. Certains y retournent à la faveur de l’accalmie actuelle, ponctuée de tirs d’artillerie épisodiques.

« J’ai fui il y a deux jours (…) mais nous sommes revenus après l’arrêt » des raids, a affirmé à l’AFP Abou Ammar, habitant de la localité de Hbit, dans le sud de la province.

La Russie, grand alliée de Bachar al-Assad, a affirmé mardi que les rebelles préparaient la « mise en scène » d’une fausse attaque chimique, qui serait ensuite attribuée au régime syrien, pour donner un prétexte à une éventuelle intervention militaire occidentale.

Peu après, le ministre américain de la Défense Jim Mattis a prévenu le président syrien qu’il risquait des représailles s’il utilisait des armes chimiques lors d’un éventuel assaut contre Idleb.

Le régime d’Assad est accusé d’avoir utilisé à plusieurs reprises des armes chimiques en sept ans de conflit, notamment lors d’une attaque en avril 2017 contre la ville de Khan Cheikhoun dans la province d’Idleb ayant tué plus de 80 personnes.

Cet incident avait été suivi un an plus tard par une attaque chimique présumée dans la ville de Douma, près de Damas, ayant fait plus de 40 morts.

Sur un autre front de la guerre en Syrie, la coalition antijihadiste menée par les Etats-Unis a annoncé mardi le lancement la veille de la phase finale de son opération militaire contre l’EI dans l’est de la Syrie.

Il s’agit de « la phase III de l’opération Roundup », amorcée le 1er mai pour déloger l’EI de la vallée de l’Euphrate.

Les combats ont déjà tué 36 jihadistes et 11 membres des Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition arabo-kurde soutenue par Washington.

Le groupe extrémiste est, en parallèle, la cible d’une offensive du régime contre son dernier réduit dans le désert de la province de Soueida (sud).

Dans cette région majoritairement druze, l’EI avait enlevé une trentaine de civils en juillet dernier. Deux d’entre eux sont morts, dont un jeune homme exécuté par décapitation.

Selon une source locale, des proches de plusieurs otages ont reçu mercredi une vidéo que l’AFP a pu visionner. Les images montrent une trentaine de personnes, dont une femme affirmant qu’elles sont détenues par l’EI.

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