Le Patriarcat de Moscou rompt en partie ses liens avec Constantinople

L’Église orthodoxe russe a annoncé vendredi avoir rompu une partie de ses liens avec le patriarcat de Constantinople auquel elle reproche de vouloir reconnaître une Église orthodoxe ukrainienne indépendante de Moscou.

« Pratiquement chaque fois que l’Église orthodoxe russe se trouve dans une situation difficile, nous recevons des coups dans le dos de la part du Patriarcat de Constantinople », a lancé vendredi le chef de la diplomatie du Patriarcat de Moscou, le métropolite Hilarion, au cours d’une conférence de presse.

A LIRE : Racines historiques du projet « Eglise orthodoxe ukrainienne » – OPINION

Il existe en Ukraine une Église rattachée à Moscou et une autre fidèle au patriarcat de Kiev, autoproclamé après l’indépendance de ce pays en 1992 et qui n’est reconnu jusqu’à présent par aucune Église orthodoxe dans le monde. Le patriarche de Constantinople, Bartholomée, n’a pas annoncé officiellement sa décision de reconnaître une Église autocéphale en Ukraine, mais cette perspective qui permettrait à l’Ukraine de s’affranchir de la tutelle religieuse de la Russie sur une partie des fidèles, est intolérable pour le patriarcat de Moscou. Constantinople a envoyé en septembre deux émissaires à Kiev, ce qui a déclenché la colère du Patriarcat russe.

« Le patriarcat de Constantinople s’est introduit sur le territoire canonique du patriarcat de Moscou en envoyant ses exarques à Kiev », a dénoncé le métropolite Hilarion. Le métropolite s’exprimait après l’annonce de deux décisions fortes du Saint-Synode, l’institution collégiale au sommet de la hiérarchie orthodoxe russe. Le Saint-Synode a annoncé dans un communiqué que le Patriarcat de Moscou ne participerait plus aux assemblées épiscopales, aux commissions et structures présidées par des représentants du Patriarcat de Constantinople. Par ailleurs, dans leur liturgie, les églises sous le contrôle de Moscou ne prieront plus pour le Patriarche de Constantinople. Selon Mgr Hilarion, ces décisions s’apparentent à une « rupture des relations diplomatiques » entre les deux patriarcats.