Le président de la République assure qu’il suffit de «traverser la rue» pour trouver un emploi dans cette branche.
L’hôtellerie-restauration est en effet l’un des secteurs qui offre de nombreuses opportunités. Mais il souffre d’une mauvaise image.
Suffit-il à un jeune de chômeur de «traverser la rue» pour trouver un emploi dans la restauration, comme le disait Emmanuel Macron à un jeune chômeur samedi dans les jardins de l’Élysée? La démarche n’est peut-être pas aussi simple que l’affirme le président de la République mais une chose est sûre: ce secteur a bel et bien besoin de bras. D’après la dernière enquête sur les besoins de main-d’œuvre en 2018, réalisée par Pôle emploi, l’hébergement et la restauration prévoyaient cette année 286.642 recrutements, faisant de cette branche le deuxième pôle de recrutement national, comme le souligne l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih). Le secteur est d’ailleurs prêt à signer 100.000 embauches «tout de suite», dont la moitié en CDI, assure Roland Héguy, président de l’Umih.
Les métiers les plus recherchés sont notamment serveurs de cafés et restaurants (troisième métier le plus recherché, tous secteurs confondus), aide et apprentis de cuisine ou encore cuisiniers. Ces emplois sont particulièrement recherchés en Provence-Alpes-Côte d’Azur (45.383 projets de recrutements), Auvergne-Rhône-Alpes (41.510) et Ile-de-France (39.301). Problème: selon les employeurs, 50 % de ces projets d’embauche s’accompagnent de «difficultés» (8 points de plus qu’en 2017). Parmi elles, selon l’Umih, «la pénurie de candidat» et «l’inadéquation des profils avec les besoins du secteur». Ces difficultés se font nettement ressentir pour les postes de chefs cuisiniers, maîtres d’hôtel et cuisiniers.
Les problèmes de recrutement sont loin d’être nouveaux dans l’hôtellerie-restauration. Mais ils sont particulièrement importants cette année. Selon l’Umih, 50.000 emplois de saisonniers ne trouvaient pas preneurs cet été. «Depuis deux, trois ans, nous sommes confrontés à cette difficulté, mais cette année, la pénurie de saisonniers est historique», confiait récemment au Figaro, Hervé Becam, président confédéral de l’Umih. Cet été, un restaurant réputé dans l’Aude avait justement fait parler de lui en annonçant sa fermeture, faute de salariés.
Des migrants pour travailler
Invité ce dimanche du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, le délégué général de LaRem, Christophe Castaner, a défendu la «vérité» des conseils du président à ce jeune chômeur, tout en estimant que l’exemple illustrait la nécessité de la formation pour réorienter les personnes dans l’impasse. «Je préfère un président de la République qui dit la vérité», a-t-il expliqué. «Le mépris c’est de traiter les gens par l’allocation, moi je suis pour l’émancipation», a-t-il ajouté. L’hôtellerie-restauration sert souvent d’exemple au gouvernement pour mettre en lumière le paradoxe du marché du travail français où le taux de chômage reste élevé (9,1%) mais où des entreprises peinent à recruter. L’argument lui a largement servi lors des débats sur la réforme de la formation et de l’apprentissage.
Mais malgré tous les efforts de communication sur ces opportunités d’emplois dans l’hôtellerie-restauration, les chômeurs ne se précipitent pas. Bas salaire, précarité (avec un usage accru de CDD), horaires décalés, importante charge de travail, mauvaises perspectives d’évolution… L’image du secteur n’attire pas. Par ailleurs, il est difficile pour certains d’entre eux, diplômés dans d’autres filières – comme le jeune horticulteur interpellé par Emmanuel Macron – de s’imaginer plongeur…
Cet été, les représentants de l’hôtellerie-resturation ont d’ailleurs fait pression sur le gouvernement pour qu’il facilite le recrutement de migrants dans ces métiers. «Les restaurateurs et les hôteliers sont dans les starting-blocks. On attend maintenant du gouvernement qu’il donne des papiers à ces personnes. La formation, le boulot, on est là pour les fournir», avait affirmé dans Le Parisien Didier Chenet, président du Groupement national des indépendants (GNI) hôtellerie-restauration. Des propos relayés par Roland Héguy, le président de l’Umih, sur franceinfo: «la priorité, c’est qu’on est capable d’accueillir tout le monde à partir du moment où ils sont en situation de pouvoir travailler. Après, peu importe s’ils sont migrants ou réfugiés».