Le ministre américain de la Défense Jim Mattis est arrivé lundi à Skopje pour soutenir le « oui » au référendum sur le changement du nom de la Macédoine et contrer ce qu’il appelle une « campagne d’influence » russe contre ce vote.
Les Macédoniens doivent dire le 30 septembre s’ils acceptent de devenir ressortissants de la « Macédoine du nord », conformément à l’accord signé en juillet avec la Grèce qui ouvre la voie à l’intégration du pays à l’Otan et à l’ouverture de négociations d’adhésion à l’Union Européenne.
Depuis l’indépendance de cette ex-république yougoslave en 1991, la Grèce s’oppose à ce qu’elle garde le nom de Macédoine, qui est aussi celui de sa province septentrionale.
Elle y voit une usurpation de son héritage historique, notamment celui du roi antique Alexandre Le Grand, et a soupçonné son petit voisin de visées expansionnistes.
En raison du veto d’Athènes, ce conflit bloque le processus d’adhésion dans l’Otan et l’UE de ce petit pays balkanique de 2,1 millions d’habitants.
Approuver le changement de nom est « très important (…) pour ceux dont la vie peut être changée par des opportunités économiques et de sécurité au sein (…) de 30 nations démocratiques », a déclaré M. Mattis dans l’avion l’acheminant dans la capitale macédonienne.
Mais « c’est une décision qui appartient à nos amis macédoniens », a-t-il ajouté. « Et quel que soit leur choix, (…) nous le respecterons ».
Outre son homologue Ludmila Sekerinska, M. Mattis doit rencontrer le Premier ministre Zoran Zaev, artisan de l’accord avec la Grèce sur le changement de nom.
Il a aussi prévu un entretien avec le président macédonien Gjorgje Ivanov, proche de la droite nationaliste et adversaire affiché de cet accord.
Washington accuse la Russie, viscéralement opposée à l’élargissement de l’Otan en Europe de l’Est et dans les Balkans, de mener une campagne de désinformation en Macédoine par la voie des réseaux sociaux pour éloigner les électeurs macédoniens des urnes.
Le chef du Pentagone a dénoncé ce qu’il appelle « la campagne d’influence russe » dans cette ancienne petite république yougoslave, où Moscou tente selon lui de tromper les électeurs.
Selon Laura Cooper, chargée de la Russie et l’Europe centrale au Pentagone, Moscou paie des électeurs pour qu’ils s’abstiennent et soutient financièrement des organisations prorusses. « Ils attaquent en ce moment avec de la désinformation et d’autres formes d’influence pernicieuse pour tenter de faire changer les Macédoniens d’avis », a-t-elle déclaré à quelques journalistes.
Le gouvernement russe « tente officiellement de persuader un autre pays, mais ça tourne très rapidement à la manipulation et aux menaces », a ajouté la responsable américaine, qui s’est abstenue d’entrer dans les détails.
Dans une interview fin août au site d’information macédonien « Nova Makedonija », l’ambassadeur russe à Skopje, Oleg Shcherbak, a accusé l’Occident de faire peser « une très forte pression médiatique et psychologique » sur les électeurs.
Les médias macédoniens, notamment les principales chaînes de télévision, font clairement campagne pour le « oui », qui semble favori. L’opposition de droite nationaliste (VMRO-DPMNE) a appelé les électeurs à « agir » selon leur opinion personnelle et ne s’est pas associée à une campagne pour le boycott menée sur les réseaux sociaux.
Selon la Constitution macédonienne, ce référendum est consultatif et un « Oui » devra ensuite être validé par un vote du Parlement à la majorité des deux-tiers.
« Nous voulons tout simplement voir (…) comment nos amis macédoniens décident de leur propre avenir, pas un avenir qui a été décidé par quelqu’un d’autre », a conclu M. Mattis, premier ministre américain de la Défense à se rendre à Skopje depuis Donald Rumsfeld en octobre 2004.
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