Nouvelles craintes pour la liberté de la presse en Hongrie

L’arrivée d’un homme d’affaires hongrois, allié de Viktor Orban, dans la structure de financement du principal site d’actualité du pays réputé pour son indépendance, a avivé les craintes mardi d’un changement dans le ton et la liberté éditoriale de la publication.

Le paysage médiatique hongrois a été profondément remanié depuis le retour au pouvoir en 2010 du Premier ministre national conservateur accusé par de nombreux experts internationaux de porter atteinte à la liberté de la presse. Ce secteur connaît une nouvelle vague de bouleversements depuis la réélection de M. Orban pour un troisième mandat en avril. Dernière évolution en date: la régie en charge de vendre des espaces publicitaires sur Index.hu, principal site d’actualité indépendant en Hongrie, a été vendue à deux investisseurs dont l’entrepreneur et homme politique Jozsef Oltyan, selon des communiqués lundi du vendeur et de l’acheteur. Jozsef Oltyan est membre du parti démocrate-chrétien KDNP, allié du parti Fidesz de Viktor Orban, et est l’auteur de plusieurs commentaires critiquant les médias indépendants ou d’opposition, dont Index. Ce site a régulièrement publié des enquêtes mettant en cause la politique et la gestion du gouvernement hongrois. Plusieurs dizaines de journalistes d’Index ont appelé mardi à la défense de leur indépendance éditoriale. « Nous voulons simplement continuer à faire ce que nous avons fait jusqu’ici, à savoir produire le meilleur journal possible, indépendamment de la droite ou de la gauche », indique leur communiqué Les nouveaux propriétaires ont assuré dans un communiqué que la vente n’aurait pas de conséquence sur la ligne du journal. Les craintes concernant Index sont cependant avivées par la série de bouleversements qui ont affecté le secteur hongrois des médias en quelques années: un nombre croissant de titres est passé entre les mains de proches du pouvoir. Ceux-ci sont devenus des relais de la politique du gouvernement, ou ont été privés de juteux encarts publicitaires. Les législatives du mois d’avril se sont tenues sur fond de « partialité des médias » et d’accès restreint à l’information, avait dénoncé une mission d’observation de l’OSCE. Depuis l’élection, plusieurs publications, critiques envers le gouvernement, ont fait faillite ou ont changé de mains. La Hongrie est 71e sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse de l’ONG Reporters sans frontières – elle était 23e à l’arrivée du Fidesz au pouvoir.