Le président Hassan Rohani a promis une réponse « terrible » de l’Iran après un attentat contre un défilé militaire dans le sud du pays, qui a emporté les vies d’au moins 29 personnes, dont des civils, samedi.
L’attaque, dénoncée par Téhéran comme un acte « terroriste », a été perpétrée dans la matinée par un commando armé à Ahvaz, la capitale de la province du Khouzestan, peuplée majoritairement d’Arabes.
C’est l’une des plus meurtrières qu’ait connu l’Iran en près de huit ans. Elle a été revendiquée par le groupe jihadiste État islamique (EI), qui dit répondre aux interventions de l’Iran dans la région.
La fusillade a duré « dix à quinze minutes », a déclaré à l’AFP Behrad Ghassemi, photographe local présent sur les lieux du drame.
Il a dit avoir vu un assaillant vêtu d’un uniforme des Gardiens de la Révolution et armé d’un fusil mitrailleur AK-47 avec « trois chargeurs attachés ensemble avec du ruban adhésif ».
« J’ai vu un enfant de quatre ans et une femme atteints par des balles », les assaillants « tiraient sur toute personne qu’ils pouvaient » atteindre.
Le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a vu dans l’attentat « une continuation de la conspiration des gouvernements de la région à la solde des États-Unis et qui cherchent à répandre l’insécurité dans notre cher pays ».
L’attaque, qui a fait également 57 blessés, dont plusieurs dans un état grave, a eu lieu à la veille du départ annoncé de M. Rohani pour New York, où il doit participer à l’Assemblée générale de l’ONU.
Elle survient dans un climat de tensions très fortes entre l’Iran et les États-Unis, qui s’apprêtent à intensifier début novembre leurs sanctions économiques contre la République islamique.
« La réponse de la République islamique à la moindre menace sera terrible », a déclaré M. Rohani, selon un communiqué officiel.
Le ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a accusé « des terroristes recrutés, entraînés et payés par un régime étranger » d’avoir « attaqué Ahvaz » et a mis en cause « les parrains régionaux du terrorisme et leurs maîtres américains ».
« Déstabiliser l’Iran »
Les Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique, ont pour leur part accusé les assaillants d’être liés à un groupe séparatiste soutenu par l’Arabie saoudite.
Les autorités n’ont pas encore fourni un décompte précis permettant de distinguer entre les morts civils et militaires.
« Parmi les martyrs, figurent une fillette et un ancien combattant qui a été tué sur sa chaise roulante », a déclaré le général de brigade Abolfazl Shekarchi, porte-parole des forces armées iraniennes, accusant « deux États du Golfe » d’avoir financé et entraîné le commando à l’origine de l’attaque.
Un autre responsable, civil, a indiqué qu’un journaliste avait été tué.
Selon le général Shekarchi, trois des « terroristes » ont été abattus sur les lieux de l’attaque et le quatrième membre du commando a succombé à ses blessures à l’hôpital.
Premier chef d?État étranger à réagir à l’attaque, le président russe Vladimir Poutine s’est dit « horrifié » par l’attaque, selon le Kremlin.
« Cet évènement nous rappelle la nécessité d’une bataille sans compromis contre le terrorisme sous toutes ses formes », a dit M. Poutine dont le pays soutient, avec l’Iran, le régime de Bachar al-Assad contre les insurgés dans la Syrie en guerre.
M. Assad a condamné « dans les termes les plus forts un acte terroriste, criminel et lâche », selon l’agence officielle SANA. La diplomatie turque a condamné de son côté « une attaque terroriste odieuse ».
Au Liban, le Hezbollah a accusé « des mains diaboliques qui veulent déstabiliser » l’Iran « pour son refus de la politique américaine ».
La France a présenté ses « condoléances aux familles des victimes ainsi qu?au peuple iranien » et « condamné avec la plus grande fermeté » l’attentat, selon la porte-parole des Affaires étrangères à Paris.
L’attentat a eu lieu alors que l’Iran marque la Journée nationale des forces armées, qui commémore le déclenchement, par Bagdad, de la guerre Iran-Irak (1980 – 1988).
Les premières attaques en Iran revendiquées par l’EI remontent à un peu plus d’un an.
« Colère contre nos missiles »
Le 7 juin 2017, une attaque contre le Parlement et le mausolée de l’imam Khomeiny à Téhéran avait fait 17 morts et des dizaines de blessés.
Les Gardiens de la Révolution avaient alors accusé l’Arabie saoudite et les États-Unis.
L’Iran est dans le collimateur des États-Unis depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump qui a rétabli des sanctions contre Téhéran après avoir retiré en mai son pays de l’accord international de 2015 sur le nucléaire iranien.
L’Arabie saoudite, alliée des États-Unis, est le grand rival régional de l’Iran, les deux pays s’opposant sur de nombreux dossiers au Moyen-Orient, notamment dans les conflits en Syrie et au Yémen.
Dans un discours à Téhéran samedi peu avant l’attentat, M. Rohani a prévenu que son pays augmenterait « jour après jour » ses « capacités défensives », faisant référence aux missiles que développe Téhéran et qui inquiètent les Occidentaux.
« Le fait que vous soyez en colère contre nos missiles montre que ce sont nos armes les plus efficaces », a dit M. Rohani en présidant un défilé militaire dans la capitale.