Herbert Kickl, ministre de l’Intérieur d’extrême droite autrichien, était dans la tourmente aujourd’hui, l’opposition l’accusant de dérive « illibérale » à la Viktor Orban après la diffusion d’instructions visant à limiter la coopération de la police avec des médias jugés « critiques ».
Dans un courriel révélé par la presse, le cabinet du ministre a recommandé aux directions régionales de limiter au « minimum légal » la communication avec trois publications jugées peu complaisantes, les quotidiens Kurier (centre) et Standard (centre-gauche), ainsi que l’hebdomadaire Falter (gauche). Ce courriel, dont l’authenticité a été confirmée par le ministère, préconise en outre que la nationalité et le statut éventuel de demandeur ou de bénéficiaire du droit d’asile soit systématiquement précisé pour tout mis en cause dans un fait divers.
L’opposition sociale-démocrate, libérale et écologiste a dénoncé mardi une « muselière pour les médias indépendants » ainsi qu’une tentative d' »orbanisation » de l’Autriche, dans une allusion au dirigeant « illibéral » hongrois Viktor Orban. Le parti libéral Neos a demandé à ce que M. Kickl soit convoqué par le Parlement mercredi, et appelé le chancelier conservateur Sebastian Kurz à « tirer des conséquences ». Depuis New York où il participe à l’assemblée générale annuelle des Nations unies, ce dernier a souligné que « toute limitation de la liberté de la presse est inacceptable ». Kurier a dénoncé « le contrôle de Kickl sur les médias », tandis que Standard s’est indigné d’une « attaque frontale de la liberté des médias ». Le ministère a reconnu avoir formulé des « incitations » pour ses directions régionales, soulignant que les médias nommément visés faisaient selon lui fréquemment preuve de « parti pris » dans leur travail journalistique.