Le président de Turquie, Recep Tayyip Erdogan a critiqué l’Organisation des Nations Unies (ONU) de silence face aux oppressions dans le monde.
Le chef de l’État turc a prononcé un discours devant la 73ème Assemblée Générale des Nations Unies (ONU), mardi à New York.
Erdogan a rappelé que l’ONU avait été créée après la Seconde Guerre mondiale, et qu’elle a « plusieurs réussites dans son passé de 73 ans ».
« Mais il est clair qu’elle est, maintenant, loin de satisfaire les attentes de l’Humanité concernant la paix et la prospérité, a-t-il critiqué. Le Conseil de sécurité de l’ONU est devenu un organe qui sert les intérêts de ses cinq membres disposant du droit de veto, et se taisant face aux oppressions vécues dans le monde. »
Ainsi, il a insisté sur les événements survenus en Palestine.
« Les efforts, déployés par ceux qui se taisent face à l’oppression des Palestiniens, en vue de baisser les aides que ces derniers reçoivent, ne servent qu’à encourager les oppresseurs, a martelé Erdogan. Nous continuerons à soutenir les Palestiniens opprimés et à défendre le statut historique et juridique de Jérusalem, même si le monde entier leur tourne le dos. »
Par ce faire, le président turc a souligné le besoin de réformer cette organisation, « le Conseil de sécurité notamment ».
« Si les avoirs des 62 personnes les plus riches du monde, équivalent à ceux de 3,6 milliards de personnes, soit la moitié de la population mondiale, c’est qu’il y a un problème, a-t-il noté. En disant que le monde est plus grand que cinq pays [membres permanents du Conseil de sécurité, ndlr], nous estimons élever la voix commune du monde entier. »
Déplorant les crises humanitaires dans le monde entier, Erdogan a rappelé que son pays « a dépensé 32 milliards de dollars pour les demandeurs d’asile syriens », jusqu’à maintenant.
« En revanche, nous avons reçu un soutien de 600 millions de dollars des organisations internationales, et 1,7 milliards d’euros de l’UE, a-t-il regretté. Nous souhaitons qu’on soutienne davantage la Turquie, pays qui a empêché que le monde entier, et l’Europe en particulier, ne subissent un très grand flux migratoire. »
Le président turc a aussi abordé la crise syrienne, se félicitant de l’accord de Sotchi qui a « permis d’empêcher les attaques sanglantes du régime syrien contre la zone de désescalade d’Idleb qui abrite 3,5 millions de civils ».
Erdogan a appelé « toutes les parties à soutenir, d’une manière constructive, les efforts visant à identifier une solution politique juste et durable en Syrie ».
Il a souligné que le but est « d’éliminer les terroristes sur le territoire syrien allant de Manbij à la frontière irakienne », et a critiqué les pays qui ont fourni « des dizaines de milliers de camions d’armes aux terroristes, suivant leurs intérêts tactiques », notant qu’ils « en souffriront sûrement un jour, eux aussi ».
Le chef de l’État turc a aussi mis en garde contre l’organisation terroriste FETO dont les membres militaires avaient tenté un coup d’État en Turquie, le 15 juillet 2016.
« J’appelle tous les pays à être vigilant contre l’organisation terroriste FETO, et à passer à l’action, a-t-il affirmé. FETO reçoit 763 millions dollars du budget américain, chaque année, via les écoles ‘charter’ dans 27 États américains. »
Erdogan a conclu son discours par les questions commerciales et économiques.
« Nous ne pouvons pas garder le silence face à l’utilisation des sanctions économiques comme des armes, et à l’annulation arbitraire des accords commerciaux, a-t-il déclaré. Nous devons travailler ensemble pour empêcher que l’ordre commercial mondial ne soit détérioré par des décisions unilatérales. »
Le président turc a aussi proposé la création de l’Organisation de l’ONU pour la Jeunesse, avec Istanbul comme centre.