Les États-Unis ont réussi à convaincre le Canada dimanche, juste avant l’expiration de l’ultimatum fixé par Donald Trump, de passer un nouvel accord commercial, pour remplacer l’Accord de libre-échange entre Washington, Mexico et Ottawa.
Ottawa et Washington ont annoncé dimanche 30 septembre, juste avant l’expiration d’un l’ultimatum fixé par Washington, « un accord de principe, de concert avec le Mexique » pour réformer le traité de libre-échange qui lie 500 millions de Nord-Américains depuis 1994.
« Le Canada et les États-Unis sont parvenus à un accord de principe, de concert avec le Mexique, sur un nouvel accord commercial moderne et adapté aux réalités du XXIe siècle », ont annoncé la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, et le représentant américain au Commerce (USTR), Robert Lighthizer.
L’Aléna devient « l’Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC) », « un accord commercial de grande qualité qui donnera lieu à des marchés plus libres, à un commerce plus équitable et à une croissance économique solide dans notre région », ont déclaré Ottawa et Washington dans un communiqué conjoint émis à 23h30 locale (3h30 GMT lundi), une demi-heure avant la date-butoir imposée par Donald Trump.
« L’accord renforcera la classe moyenne et créera de bons emplois bien rémunérés ainsi que de nouvelles opportunités pour près de 500 millions de personnes qui vivent en Amérique du Nord », ont assuré Chrystia Freeland et Robert Lighthizer. Leurs équipes menaient un marathon de négociation depuis début septembre, après avoir entamé les discussions sur une refonte de l’Aléna, imposée par le président américain il y a plus d’un an.
Un chapitre sur l’environnement
Les discussions, à distance cette fois, s’étaient intensifiées lors de l’ultime week-end, et la diplomate canadienne et l’USTR ont tenu « à remercier le ministre mexicain de l’Économie, Ildefonso Guajardo, pour sa collaboration solide au cours des 13 derniers mois ».
Washington et Mexico s’étaient entendus sur les termes d’un nouvel Aléna fin août, ce qui avait accru la pression sur les épaules du Premier ministre Justin Trudeau. Le chef de gouvernement libéral jouait gros un an avant des élections législatives incertaines.
« Nous sommes impatients de resserrer encore davantage les liens économiques étroits qui nous unissent lorsque ce nouvel accord sera mis en oeuvre », ont déclaré les gouvernements canadien et américain.
Justin Trudeau a expliqué que les détails de l’accord seraient dévoilés lundi matin.
L’Aléna, un accord trilatéral liant les États-Unis, le Mexique et le Canada depuis 1994, était une des bêtes noires du président Donald Trump, qui l’accuse d’avoir causé la perte de millions d’emplois américains, notamment dans l’industrie automobile.
Le président américain avait répété ses critiques contre l’Aléna samedi devant ses partisans en Virginie occidentale, soulignant que le nouvel accord conclu avec le Mexique était « un bon accord pour les deux pays ».
Conservation de l’exception culturelle
Selon une source haut placée à Ottawa, le gouvernement de Justin Trudeau a accepté d’assouplir son marché laitier pour les producteurs américains, en échange notamment du maintien « intact » du système d’arbitrage des litiges commerciaux dans le nouvel Aléna, l’AEUMC (USMCA en anglais).
Les principaux partis québécois et les organisations d’agriculteurs défendent fermement le système de « gestion de l’offre », qui contrôle la production et le prix du lait et de la volaille et assure des revenus stables aux agriculteurs canadiens. Et le Québec produit environ les trois quarts du lait canadien.
Le gouvernement fédéral « va payer les producteurs laitiers canadiens pour toutes les pertes liées », a affirmé ce haut responsable canadien.
Selon cette source, Washington et Ottawa se sont également mis d’accord pour que le nouveau traité commercial contienne un chapitre sur l’environnement, une première depuis la création de l’Aléna en 1994, et conserve l’exception culturelle, deux thèmes très chers aux Québécois.