Les électeurs du Grand-duché sont appelés à se rendre dimanche pour des législatives qui pourraient voir le retour au pouvoir du parti social-chrétien (CSV) et entraîner le départ du Premier ministre libéral Xavier Bettel, tombeur de Jean-Claude Juncker en 2013.
Toutes les sondages placent les socio-chrétiens en tête des intentions de vote. Cette formation est « en position de force », souligne Philippe Poirier, politologue à l’Université du Luxembourg.
Elle est créditée de 32 % d’opinions favorables contre 15 % pour le parti de Bettel, selon le dernier sondage publié la semaine dernière par TNS Ilres, RTL et le Luxemburger Wort.
Le départ de Xavier Bettel, 45 ans, porterait un coup à l’alliance montée par le chef de l’Etat français Emmanuel Macron avec les trois dirigeants libéraux du Benelux, le Néerlandais Mark Rutte, le Belge Charles Michel et le Luxembourgeois pour défendre une Europe « progressiste » contre le « repli nationaliste ».
Un renversement des alliances au Grand Duché en 2013 avait permis à Xavier Bettel d’évincer Jean-Claude Juncker, au pouvoir depuis 1995 avec les socialistes, alors que le Parti populaire social-chrétien (CSV) était arrivé en tête avec 33,6 % des suffrages contre 18,25 % pour le Parti Démocratique et 20,2 % pour les socialistes. Xavier Bettel était alors devenu le Premier ministre d’un gouvernement de coalition avec les socialistes et les Verts.
Les résultats des législatives diront si cette coalition peut être reconduite ou si un nouveau partenariat doit être forgé.
« La situation économique du Luxembourg est la première motivation » de vote des électeurs, selon M. Poirier.
Un droit de vote très limité
Le bulletin de santé est plutôt positif, avec un taux de chômage de 5,2 % contre 8,1 % en zone euro et une croissance du PIB en volume de 5,1 % au premier trimestre, deux fois plus élevée que la moyenne des 19 pays de la zone euro.
La campagne a pris un tour identitaire marqué, alors que 48 % de la population au Luxembourg est étrangère et n’a dès lors pas accès aux urnes. Au total, 256.000 électeurs participent au scrutin, soit moins de 43 % de l’ensemble de la population.
« Aujourd’hui, près de la moitié de la population du pays ne peut se prévaloir des mêmes droits politiques que les nationaux », déplore Sergio Ferreira, porte-parole de l’ASTI (Association de soutien aux travailleurs immigrés).
En juin 2015, consultés par référendum, 78 % des électeurs avaient rejeté la proposition du gouvernement de Xavier Bettel de donner le droit de vote aux étrangers.
Les résultats du scrutin devraient être connus dès dimanche soir et une phase de négociations commencera alors pour la formation d’une coalition gouvernementale.