Le remaniement ministériel annoncé mardi par l’Elysée marque la volonté du président français Emmanuel Macron, fragilisé après un été difficile et une rentrée houleuse, de redonner un « second souffle » à son quinquennat tout en cherchant à l’inscrire dans la continuité et la recherche de l’équilibre entre les forces politiques.
L’Elysée a fait connaître mardi, dans un communiqué, la composition du nouveau gouvernement français. Ce premier remaniement d’ampleur du quinquennat a été provoqué par la démission surprise il y a deux semaines de Gérard Collomb qui a quitté de façon rocambolesque son poste de ministre de l’Intérieur.
Le nouveau gouvernement français compte 34 membres, dont 17 hommes et 17 femmes (hors le Premier ministre Édouard Philippe).
C’est « une équipe renouvelée, dynamique, dotée d’un second souffle », a déclaré mardi l’Elysée. Mais son « mandat politique reste le même » et elle va inscrire son action dans la continuité de la politique menée par le gouvernement et du calendrier des réformes pour les mois à venir, a plaidé la présidence de la République.
Le remaniement se traduit par quatre départs et huit entrées. Parmi les huit nouveaux membres du gouvernement, Christophe Castaner, soutien de la première heure d’Emmanuel Macron, se voit confier à 52 ans le ministère stratégique de l’Intérieur.
Jusqu’ici secrétaire d’État aux Relations avec le Parlement, et leader du mouvement La République en marche (LRM), il sera épaulé par Laurent Nunez, directeur général du renseignement intérieur, qui devient secrétaire d’État.
L’ancien patron des sénateurs socialistes, Didier Guillaume, 59 ans, est quant à lui nommé au ministère de l’Agriculture à la place de Stéphane Travert, qui quitte le gouvernement.
Jacqueline Gourault, proche du centriste François Bayrou, prend la tête d’un grand ministère des Territoires à la place de Jacques Mézard. Deux ministres sont nommés auprès d’elle : Sébastien Lecornu (ex-Les Républicains devenu LRM) qui sera en charge des collectivités territoriales et Julien Denormandie (ex-socialiste) qui se consacrera à la Ville et au Logement.
Franck Riester, 44 ans, président du groupe UDI, Agir et Indépendants (centre droit) à l’Assemblée nationale, devient ministre de la Culture en remplacement de Françoise Nyssen.
Marc Fesneau, député Modem (centre), est nommé ministre auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement, en remplacement de Christophe Castaner.
Gabriel Attal, député et porte-parole de La République en marche (LRM), devient secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer.
La députée LRM Christelle Dubos est nommée secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn.
Agnès Pannier-Runacher, jusque-là directrice générale déléguée à la Compagnie des Alpes, remplace Delphine Gény-Stephann au secrétariat d’Etat auprès du ministre de l’Economie et des Finances.
Emmanuelle Wargon, qui était directrice générale des affaires publiques de la communication de Danone, remplace Sébastien Lecornu comme secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire.
Le chef de l’Etat a par ailleurs renouvelé sa confiance aux principales personnalités de l’équipe ministérielle en place depuis 16 mois comme Jean-Yves Le Drian, reconduit au ministère des Affaires étrangères et Bruno Le Maire qui reste en charge du ministère de l’Economie.
François de Rugy reste ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicole Belloubet, garde des Sceaux, ministre de la Justice, Florence Parly, ministre des Armées, Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, Muriel Pénicaud, ministre du Travail.
Gérald Darmanin conserve son poste de ministre de l’Action et des Comptes publics, Frédérique Vidal, celui de ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, et de l’Innovation, Annick Girardin, celui de ministre des Outre-mer.
Nathalie Loiseau demeure ministre auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargée des Affaires européennes, Roxana Maracineanu, ministre des Sports, Élisabeth Borne, ministre auprès du ministre d’État et ministre de la Transition écologique et solidaire, chargée des Transports.
« Nous sommes équipés pour écrire l’acte II de ce quinquennat », a commenté Gilles Le Gendre (LRM) tandis que l’opposition, après avoir déploré « l’affaiblissement du président » ces derniers mois, a dénoncé l’absence d’ambition de ce remaniement.
« Tout ça pour ça. À quand un changement de politique? », a notamment réagi Laurence Sailliet, porte-parole des Républicains (droite). « Tout ça, c’est beaucoup de bruit », a jugé quant à lui le socialiste Stéphane Le Foll.
Alexis Corbière, de La France insoumise (LFI) a qualifié de « rafistolage et bricolage » le remaniement, qui, a-t-il dit, « ne changera rien ».
« Castaner à l’Intérieur : avec Emmanuel Macron, le pire est toujours sûr… », a lancé Marine Le Pen (Rassemblement national).