Invectives, appel à la sécurité, cris et coups portés sur les pupitres… Mardi, la représentante diplomatique américaine Kelley Currie a eu bien du mal à prononcer son allocution lors d’une réunion organisée à l’Onu par les États-Unis sur les détenus politiques cubains, au grand dam de Cuba.
La diplomate a dû s’interrompre plusieurs fois, appeler à l’aide la sécurité pour évacuer la quinzaine de perturbateurs parmi lesquels figuraient des diplomates non identifiables, a constaté une journaliste de l’AFP présente dans la salle. En vain. Lors d’un point-presse impromptu, Kelley Currie a affirmé que « la plupart » des manifestants étaient « des diplomates cubains », ajoutant « n’avoir jamais vu un tel comportement » venant de diplomates au cours de sa carrière. La tenue de cette rencontre avait suscité en début de semaine une vive dénonciation de Cuba qui avait demandé solennellement au secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres de l’interdire. En vain, là aussi. Parmi les intervenants prévus à la réunion, figuraient le secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA) Luis Almagro et un ancien détenu politique cubain, Alejandro Gonzalez Raga. « Dehors Almagro! « , ont crié des manifestants alors que ce dernier essayait de parler. L’un des perturbateurs tapait avec un gros livre des coups sourds sur sa table sans que la sécurité ne parvienne à le faire arrêter. « Cuba oui, le blocus non! « . « Réunion libre, liberté d’expression! « , ont aussi crié les manifestants. Interrogé ces derniers jours sur cette rencontre, le porte-parole de l’Onu Stéphane Dujarric s’était borné à répéter que les réunions et évènements proposés par les pays membres à l’ONU « devaient être conformes aux buts et aux principes des Nations unies et ne pas être de nature commerciale ». « Cuba condamne et rejette dans les termes les plus forts cette nouvelle action anti-cubaine par le gouvernement des États-Unis », avait affirmé en début de semaine dans un communiqué la mission cubaine auprès de l’Onu, en dénonçant une « campagne insultante et fallacieuse ». Cuba dément régulièrement détenir des prisonniers politiques, assure n’avoir que des détenus de droit commun. Intitulée « Emprisonnés pour quoi? « , la rencontre dans une salle dédiée aux questions économiques et sociales visait « à lancer à l’Onu une campagne sur les détenus politiques à Cuba », avait expliqué un communiqué du Département d’État américain. « Les quelque 130 prisonniers politiques détenus par le gouvernement cubain sont un signe explicite de la nature répressive du régime », ajoutait-il.