Des enfants de djihadistes bientôt rapatriés en France ?

Des mineurs français ont été repérés en Syrie. Mais leur retour, sans leur mère, est une affaire « très complexe ».

Vont-ils bientôt rentrer en France ? Des enfants de djihadistes français ont été identifiés et localisés avec précision dans les zones kurdes en Syrie, ce qui ouvre la voie à leur rapatriement dans l’Hexagone, a fait savoir une source française qui a requis l’anonymat. Leur nombre n’a pas été précisé, mais un total de 150 enfants de Français membres du groupe Etat islamique ont été signalés dans le pays depuis l’effondrement de l’organisation djihadiste.

Les enfants identifiés, pour la plupart âgés de moins de six ans, ne pourront partir qu’avec l’accord de leur mère, qui elle restera sur place, souligne la source. La France exclut en effet tout retour des adultes, combattants ou épouses, considérées comme des militantes de Daech, au grand dam des avocats représentant les familles en France. « Ceux qui ont commis des délits ou des crimes en Irak et Syrie doivent être jugés en Irak et Syrie », martèle-t-on au ministère des Affaires étrangères. Les mineurs, « dont la situation sera examinée au cas par cas », font exception pour « l’intérêt supérieur de l’enfant ».

« Une affaire très complexe »

Si le rapatriement est envisageable, il ne serait pas pour autant facile. Le Kurdistan syrien n’est pas un Etat reconnu par la communauté internationale, et Paris n’entretient pas de relations diplomatiques avec Damas. « On a commencé à regarder comment les choses peuvent se faire. C’est une affaire très complexe », concède-t-on à Paris.

Au total, une quarantaine de familles, mères et enfants, ont été signalées en Syrie. Quelques « dizaines » – 30 à 40 – de combattants francophones seraient par ailleurs prisonniers des Kurdes syriens, ajoute la source française, sans préciser si des Français se trouvent parmi eux. En Irak, seules trois familles de djihadistes français ont été recensées. Une des mères, Mélina Boughedir, condamnée à la perpétuité, a accepté de laisser partir trois de ses enfants.

Une centaine de Français à Idleb

Sur les 680 djihadistes français estimés sur le théâtre irako-syrien, plus de 300 sont morts et un petit nombre a rejoint d’autres pays (Afghanistan, Maghreb, Libye), estime Paris. Une partie d’entre eux sont donc toujours sur place. « Une partie est dans le réduit de l’EI à la frontière syro-irakienne où il y a aujourd’hui des combats. Une centaine d’entre eux se trouve aussi à Idleb », la dernière grande province rebelle de Syrie, souligne-t-on.

Les forces kurdes syriennes affirment détenir plus de 900 combattants étrangers de l’EI, venant de 44 pays, qui représentent un véritable casse-tête judiciaire et sécuritaire. Elles appellent en conséquence leurs pays d’origine à les rapatrier mais ceux-ci se montrent souvent réticents devant l’hostilité même de leurs opinions publiques.

La France, qui a participé aux opérations contre l’EI, dément pour sa part avoir conclu un accord avec les Kurdes pour qu’ils gardent ses ressortissants, comme l’a évoqué récemment le quotidien Le Monde. « Zéro accord a été finalisé. Mais les Kurdes connaissent notre position. Ils savent que nous ne souhaitons pas les faire revenir », assure la source citée.

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