Ce jeudi, en Norvège, le Bloc de l’Atlantique du nord donne le coup d’envoi aux plus vastes manoeuvres militaires depuis la fin de la Guerre froide, une façon de rappeler à la Russie la solidarité des Alliés malgré les doutes insufflés par Donald Trump.
Quelque 50.000 soldats, 10.000 véhicules, 250 aéronefs, 65 navires de 31 pays doivent prendre part à l’exercice Trident Juncture 18, qui vise à entraîner l’Alliance atlantique à porter secours à un de ses membres en cas d’agression.
« L’environnement sécuritaire en Europe s’est significativement dégradé ces dernières années », a souligné le secrétaire général de l’OTAN, le Norvégien Jens Stoltenberg.
« Trident Juncture envoie un message clair à nos nations et à tout adversaire potentiel: l’Otan ne cherche pas la confrontation mais elle sera prête à défendre tous les alliés contre toutes les menaces », a-t-il dit lors d’une conférence de presse mercredi.
Si cet « adversaire potentiel » n’est pas officiellement désigné, la Russie est dans tous les esprits, elle qui fait étalage de sa puissance militaire et partage avec la Norvège une frontière de 198 kilomètres dans le Grand Nord.
De son côté, l’ambassade de Russie à Oslo dit voir en Trident Juncture un exercice « antirusse ». « Une telle activité (…) semble provocatrice, même si l’on essaie de la justifier avec des visées purement défensives », a-t-elle fait valoir.
Depuis des mois, Moscou s’irrite du renforcement en cours de la présence militaire occidentale dans la région. États-Unis et Grande-Bretagne ont en effet décidé d’intensifier les déploiements en Norvège pour acclimater leurs troupes au combat par grand froid.
La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a fustigé début octobre « des cliquetis d’armes » et promis une « riposte ».
« Les principaux pays de l’Otan accroissent leur présence militaire dans la région, à proximité des frontières de la Russie », a-t-elle dénoncé. « De telles actions irresponsables mèneront forcément à la déstabilisation de la situation politique et militaire dans le Nord, à une hausse des tensions ».
Celles-ci ont été encore attisées samedi avec l’annonce par Donald Trump du retrait des États-Unis du traité sur les armes nucléaires de portée intermédiaire (INF) de 1987.
Reprochant à la Russie de développer un nouveau missile, le SSC-8, le président américain a menacé d’augmenter l’arsenal nucléaire de son pays.
Si Donald Trump souffle le chaud et le froid sur son engagement vis-à-vis de l’Otan, notamment sur l’article 5 et ses obligations de défense collective, l’armée américaine participe à Trident Juncture avec le plus gros contingent, plus de 14.000 soldats et un groupe aéronaval notamment.
« Nous nous entraînons en Norvège mais bien sûr que les leçons tirées (…) de Trident Juncture sont aussi pertinentes pour d’autres pays », a noté M. Stoltenberg.
Mardi, quatre soldats américains ont été légèrement blessés dans un carambolage de camions chargés de convoyer du matériel.
Outre les 29 pays membres de l’Alliance atlantique, l’exercice qui durera jusqu’au 7 novembre implique la Suède et la Finlande. Le chef de l’OTAN a dit espérer que la Russie « évitera tout comportement périlleux », ayant invité deux observateurs russes et deux biélorusses.