Trois journalistes birmans, emprisonnés pour avoir critiqué un proche de la chef du gouvernement Aung San Suu Kyi, ont été libérés sous caution vendredi.
« Ce sont des journalistes expérimentés, ils ne devraient pas chercher à se dérober à leur procès« , a indiqué le juge Tin War War Thein au cours de l’audience qui s’est tenue devant un tribunal de Rangoun.
Une prochaine audience est prévue le 9 novembre.
Kyaw Zaw Lin, Nayi Min et Phyo Wai Win avaient publié début octobre un article critiquant la mauvaise gestion du chef de la municipalité de Rangoun, Phyo Min Thein, un membre important du parti la Ligue nationale pour la démocratie (LND) d’Aung San Suu Kyi, considéré comme un protégé de cette dernière.
Les trois journalistes du groupe Eleven Media dénonçaient notamment un prêt contracté sans approbation du parlement local pour l’achat de bus scolaires.
« L’article était exact et neutre« , a déclaré à l’AFP Phyo Wai à l’issue de l’audience. « Cela montre combien la liberté de la presse est encore en danger dans notre pays« , a-t-il ajouté.
Les journalistes risquent jusqu’à deux ans de prison s’ils sont reconnus coupables d’avoir fait « circuler une rumeur dans le but d’alarmer le public« , comme le prévoit l’article 505b, utilisé sous la junte précédemment au pouvoir pour censurer toute critique.
Le président birman, Win Myint, était intervenu la semaine dernière pour exhorter le procureur à retirer les accusations et à résoudre le conflit par arbitrage.
Cette affaire intervient toutefois dans un contexte de « réduction de l’espace démocratique » en Birmanie, comme l’a souligné début octobre la rapporteuse spéciale de l’ONU, Yanghee Lee.
Deux reporters birmans de Reuters accusés d' »atteinte au secret d’Etat » pour avoir enquêté sur un massacre de musulmans rohingyas par l’armée ont été condamnés début septembre à sept ans de prison.
Cette condamnation a entaché un peu plus l’image de la prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi, très critiquée pour son silence sur la crise rohingya.